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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.2.djvu/799

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à quelque maître avec ordre de les imprimer ». Mais ces ordres non plus ne devaient produire le moindre résultat. Un génie malin semblait s’acharner contre cette publication.

L’utilisation des lectures exige des travaux préalables de classification chronologique et de discussion d’authenticité. Pour l’étude de la doctrine vitorienne, il n’est pas indifférent de préciser les années auxquelles correspond tel ou tel cours. Voici le cadre chronologique des lectures tel que nous l’avons publié :

Années scolaires Parties île la Somme

1526-1529 1529-1531 1531-1533 1533-1534 1534-1537 1537-1538 1538-1539 1539-1540

ll’-ll*

IV Sentent.

1° -II « 

II » -II »

III", q. i-lxxv

IV Sentent.

I*, q. i-lix

Le degré d’authenticité n’est pas égal pour tous les mss. des lectures non originales ; leur autorité dépend essentiellement de la foi que mérite celui qui les a rédigées. S’il s’agit d’un élève qui travaillait au cours même, la rédaction a tout au moins pour elle d’être un témoignage de présence, toujours plus estimable, encore qu’exposé à des confusions. Au contraire, si le ms. vient d’un étranger, d’un amateur qui cherchait à collectionner des lectures théologiques, en les copiant d’après des notes qui lui avaient été prêtées, les conditions varient beaucoup. Il faut ici distinguer la copie primitive de la copie dérivée. D’où la division que nous avons proposée, en faisant l’inventaire des lectures des théologiens de Salamanque du xvie siècle, entre mss. académiques et mss. extraacadémiques, en d’autres termes entre mss. rédigés par ceux qui avaient assisté aux leçons et ceux qui l’avaient été par des étrangers.

Les mss. scolastiques de Vitoria connus jusqu’à aujourd’hui sont au nombre de 30, 25 reproduisant des lectures, 5 des relectiones ; parmi les premiers, il en est d’académiques et d’extraacadémiques ; au nombre de ceux-là signalons les numéros 4, 8, 12 et 15 de notre inventaire (cf. Los manuscritos del mæstro Francisco de Vitoria, Madrid, 1928), parmi ceux-ci les numéros 14, 16 et 21.

De tout ceci, il n’a été publié au xvie siècle, avec de nombreuses rééditions ultérieures, que la Summa sacramentorum, d’après les notes de cours du P. Thomas de Chaves. Celui-ci assure que Vitoria ex integro meo rogatu scripturam perlegit, mais on ne peut savoir s’il donna son approbation à la diffusion de ce texte comme étant de lui.

Martin de Ledesma, disciple de Vitoria et professeur à l’université de Coïmbre, publia en sa Secundse quartse, Coïmbre, 1560, diverses relectiones et de larges fragments de lectures vitoriennes, mais sans en mentionner la provenance, comme nous l’avons montré : Las relecciones y lecturas de F. de Vitoria en su discipulo Martin de Ledesma, O. P., dans Ciencia tomista, t. xlix, 1934, p. 5-29.

Récemment on a publié le commentaire de la ll a -II 3 ", q. i-cxl, en 5 volumes (Beltran de Heredia, Salamanque, 1932-1935), d’après les notes de François Trigo qui fut pendant sept ans auditeur de Vitoria et put constituer ainsi un texte qui est incontestablement le plus considérable que nous ayons sur cette partie. Le t. vi qui contiendra le commentaire des q. cxli-clxxxix est en préparation. Par ailleurs, Fr. Stemiiller, dans son livre : F. de Vitoria y la doctrina de la gracia en la Escuela salmantina, Barcelone, 1934, p. 167-482, a publié divers’fragments vitoriens sur cette matière. Enfin, dans notre ouvrage :

Los manuscritos de Vitoria, nous avons reproduit quelques textes choisis des lectures.

2° Les « relectiones ». - Dans la langue académique de notre siècle d’or, on donnait le nom de « rélection » ou de « répétition » aux dissertations ou conférences que prononçaient les candidats à la licence ou les professeurs en titre devant leurs facultés respectives ou devant toute l’université, sur quelque point de doctrine. Il y a intérêt à préciser les caractères de celles que prononçaient les professeurs titulaires, ce qui est le cas de Vitoria.

Ils avaient l’obligation d’en donner une chaque année, d’ordinaire au printemps, la règle étant qu’elle portât sur une question correspondant à la matière traitée dans le cours. En cas d’empêchement, ils demandaient un délai, mais il se dispensaient rarement de la leçon, car les infractions étaient frappées d’une amende considérable : dix doublons (3650 maravédis). Ni avant, ni après Vitoria, on ne rédigeait d’ordinaire ces conférences sous forme définitive. Le professeur préparait sa matière avec plus ou moins de soin, se traçait un plan, écrivait ses notes et se présentait à la salle de cours avec un peu plus de préparation que s’il s’était agi d’une leçon ordinaire. On conservait pourtant le souvenir de certaines productions qui avaient eu le mérite de l’actualité. Ainsi, à la faculté de théologie, on se rappelait, comme quelque chose d’exceptionnel, trois relectiones de Pierre d’Osma dont l’une correspondait à l’année 1465. Depuis Vitoria, si l’on fait abstraction de celles de Soto et de Cano, de deux qui sont connues de Jean de la Pefia et d’une de Banez, les pièces de cette catégorie sont rarissimes. Le cas de Vitoria avec ses treize relectiones si souvent réimprimées est une exception à l’université de Salamanque. Et ceci est vrai tout autant de la forme que de l’intérêt des sujets choisis, qui ont passionné les esprits autant et plus qu’aujourd’hui.

Ces dissertations, sortes de conférences parlées, auxquelles pouvait assister toute l’université, duraient deux heures, mesurées par la clepsydre. Sous peine de nullité, elles devaient se tenir les jours de vacances : jeudis, fêtes d’apôtres, dimanches où il n’y avait pas sermon à la cathédrale, afin que tous ceux qui le désiraient pussent y assister. A Salamanque, Vitoria donna quinze relectiones, dont il s’est conservé treize fournies par les éditions dans l’ordre suivant :

De potestate Ecclesiæ prior (1532). De potestate Ecclesiæ posterior (1533). De potestate civili (1528). De potestate papæ et concilii (1534). De Indis prior (1539).

De Indis posterior seu de jure belli (1539, le 18 juin). De matrimonio (1531). De augmenta caritatis (1535, le Il avril). De temperantia (année scolaire 1537-1538). De homicidio sive de fortitudine (1530). De simonia (1536). De magia (1540).

De eo ad quod tenetur veniens ad usum rationis (1535, juin).

, Les deux autres, probablement la première, qui correspond à l’année 1526-1527, et fut donnée pour Noël de 1527, et la dernière faite l’année 1542-1543, ne paraissent pas avoir été écrites.

L’ordre adopté dans les éditions est un ordre logique. Mais, s’agissant de documents qui reflètent l’activité académique de Vitoria et qui se rapportent à ses préoccupations du moment, c’est seulement en les situant dans leur ambiance et en en fixant l’ordre chronologique que l’on peut apprécier leur valeur. Et ceci est d’autant plus nécessaire, si l’on remarque en Vitoria un propos délibéré de réaliser un plan tracé d’avance, dont à diverses reprises il s’est écarté