Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 2.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

189

BAPTÊME D’APRÈS LES PERES GRECS ET LATINS

190

ad l um. Saint Épiphane, loc. cit., remarque que la sainte Vierge elle-même n’a pas reçu le pouvoir de baptiser et qu’aucune femme n’a fait partie du collège apostolique. Ce témoignage pourrait à la rigueur être restreint à l’administration solennelle du baptême à laquelle les femmes ne sont pas députées. Dans celle-ci toutefois, les femmes sont accompagnées d’autres femmes, qui les dépouillent de leurs vêtements. Can. 114 de S. Hippolyte, Achelis, Die Canones Hippolyti, p. 94. Le Testament de Notre-Seigneur, édit. Rahmani, Mayence, 1899, p. 138, 120, confie ce soin aux « veuves » , qui tiennent les femmes sous un voile pendant la cérémonie du baptême. S. Épipbane, Hser., lxxîx, 3, 4, P. G., t. xlii, col. 744, 745, attribue aux diaconesses ce ministère exigé parles règles de la bienséance. Sur la controverse relative au baptême conféré par les hérétiques, voir III. Baptême conféré par LES hérétiques [Controverse sur la validité du).

Quant à la question de savoir si un infidèle peut baptiser, il n’est pas trace dans la littérature patristique qu’elle ait été posée. Elle aurait été résolue négativement par tous ceux qui refusaient aux hérétiques le pouvoir de baptiser, sous le prétexte que, n’ayant pas le baptême, ils ne sauraient le donner. C’est saint Augustin qui la signale le premier, la traitant plutôt de question oiseuse, sans y insister et sans la résoudre. Cont.epist. Parmen., il, 13, 30 ; De bapt. cont. donat., vii, 53, 101, P. L., t. XLIII, col. 72, 242. Il pose cependant un principe général qui permet de croire qu’il regardait comme valide tout baptême, à la seule condition qu’il eût été conféré avec la formule trinitaire. Car, après avoir rapporté la plupart des hypothèses qu’on pouvait émettre au sujet de celui qui donne et de celui qui reçoit le baptême, il termine par ces mots : Nequaquam dubitarem habere eos baptismum, qui ubicumque et a quibuscumque illud verbis evangelicis consecratum, sine sua simulalione et cum aliqua fide accepissent. De bapt. cont. donat., vii, 53, 102, P. L., t. xliii, col. 243.

Foi et qualités du ministre.

D’ailleurs, les Pères devaient être amenés à déterminer avec précision quel était le rôle de ministre ordinaire ou extraordinaire dans la collation du sacrement. La controverse relative à la validité du baptême des hérétiques et le schisme des donatistes leur ont donné l’occasion de fixer exactement la nature de l’intervention du ministre. Les Pères ont vu que le sacrement a une efficacité propre qui lui vient, non de l’homme qui baptise, mais de Jésus-Christ, auteur du baptême, et sur laquelle le ministre, simple intermédiaire, ne peut rien, étant tout à la lois incapable de produire la grâce ou d’y mettre obstacle quand il baptise. Les débats concernant la rebaptisation des hérétiques ont fait voir que la valeur du baptême ne dépendait pas de la foi du ministre. Voir III. Baptême conféré par les hérétiques (Controverse sur la validité du). La qualité du ministre y est aussi étrangère. En Orient, saint Cyrille de Jérusalem écrit : « Qu’importe que le ministre soit ignorant ou savant, esclave ou libre ; le baptême n’est pas une grâce qui dépend de lui, mais une largesse faite aux hommes par Dieu. » Cat., xvii, 35, P. G., t. xxxiii, col. 1009. Saint Grégoire de Nazianze dit à son tour : « Qu’importe le ministre ? Voici deux anneaux, l’un en or, l’autre en fer ; les deux impriment la même image ; la açpayiç de l’un ne diffère pas de la (j^payi ; de l’autre. Ainsi des ministres : ils peuvent différer d’excellence de vie, ils n’en confèrent pas moins le baptême. » Orat., xl, 26, P. G., t. xxxvi, col. 396. Saint Grégoire de Nysse écrit : « C’est Dieu qui donne à l’eau {baptismale) sa vertu. La régénération s’opère par les trois personnes divines, » Cat., 34, 39, P. G., t. xlv, col. 85, 100 ; et ailleurs : « L’eau n’est que le signe extérieur de la purification intérieure qui se fait par le Saint-Esprit. » In bapt. Christ., P. G., t. xlvi, col. 581. D’après saint Chrysostome, ce qu’il faut considérer ce n’est pas celui qui donne le baptême, mais celui au nom duquel il est donné, In 1 Cor., homil. iii, 2 ; la vertu du baptême ne dépend pas du minisire qui le confère, In I Cor., homil. viii, 1, P. G., t. lxi, col. 25, 69 ; ce n’est ni un ange ni un archange qui intervient dans les dons de Dieu, mais c’est le Père, le Fils et le Saint-Esprit qui font tout, le prêtre ne prêtant que le concours de sa langue et de sa main ; il n’est donc pas juste que la malice du ministre mette obstacle à ceux qui s’approchent avec foi des symboles de notre salut. InJoa., homil. lxxxvi, 4, P. G., t. lix, col. 472, 473.

En Occident, saint Ambroise, après avoir observé que aqua non mundal sine spiritu, ajoute : Non mérita personarum considères sed officia sacerdotum. Demyst., , 19 ; v, 27, P. L., t. xvi, col. 394, 397. Pour réfuter les donatistes qui prétendaient que les pécheurs, au moins les pécheurs publics, aussi bien que les hérétiques et les schismatiques, ne pouvaient pas administrer validement le baptême, saint Optât enseigne que le sacrement est saint par lui-même et non par les hommes ; car c’est Dieu qui lave et non l’homme. De scldsm. donat., v, 4, P. L., t. xi, col. 1051. In baptismale Trinitas, non ministri persona, operatur, car le baptême a sa valeur propre et est indépendant du ministre. Ibid., v, 7, col. 1057. C’est surtout à saint Augustin que l’on doit la mise en pleine lumière de la valeur intime du sacrement et de son indépendance par rapport à la qualité du ministre.

II n’y a baptême, dit-il, que lorsqu’il est conféré avec la formule prescrite par le Christ ; sans elle, pas de sacrement, De bapt. cont. donat., vi, 25, 47, P. L., t. xliii, col. 214 ; avec elle le baptême existe : il peut être donné et reçu, en dehors de l’église. Ibid., i, 1, col. 109. Le baptême est saint par lui-même, où qu’il se trouve, ibid., i, 12, 29 ; iv, 10, 16 ; v, 21, 29 ; vi, 2, 4, col. 119, 164, 191, 199 ; il a sa valeur propre, sa sainteté à lui, Cont. Cresc, iv, 16, 19 ; 18, 21, col. 559, 560 ; et cela, à cause de celui qui en est l’auteur. De bapt. cont. donat., iii, 4, 6 ; iv, 12, 18 ; 21, 28 ; v, 21, 29, col. 143, 168, 173, 191. Car c’est le baptême du Christ. Cont. litter. Petihan., iii, 34, 34, 39, 45 ; Cont. Crescon., iv, 20, 24, col. 368, 371, 562. C’est la grâce qui opère en lui, Serm., xcix, 13, P. L., t. xxxviii, col. 602 ; c’est Dieu qui est présent dans la formule évangélique et sanctifie le sacrement, De bapt. cont. donat., vi, 25, 47, P. L., t. xliii, col. 214 ; en réalité c’est Jésus-Christ qui baptise. In Joa., tr. V, 11 ; VI, 6 ; VII, 3, P. L., t. xxxv, col. 1419, 1428, 1439. Par suite, la valeur du baptême est indépendante de celui qui le confère. In Joa., tr. V, 15, col. 1422. Quels que soient le mérite ou le démérite du ministre, De bapt. cont. donat., iv, 21, 28, P. L., t. xliii, col. 173, son immoralité, ibid., iii, 10, 15, col. 144, sa perversité, ibid., ꝟ. 3, 3 ; 21, 29 ; vi, 1, 2 ; 5, 7, col. 178, 191, 198, 200, ses erreurs, ibid., iv, 15, 22, col. 168, sa foi, ibid., iii, 14, 19, col. 146, le baptême qu’il donne garde son efficacité propre ; il la conserve même chez des ministres indignes et sacrilèges, Cont. litter. Petilian., Il, 168, 247, col. 345, car il ne peut être en rien pollué par les crimes de celui qui le confère. De bapt. cont. donat., iii, 10, 15 ; iv, 12, 18 ; v, 19, 27, col. 145, 166, 190. En conséquence, conclut saint Augustin, in ista quxstione non cogitandum quis del sed quid det, aut quis accipiat sed quid accipiat, aut quis habeat sed quid habeai. De bapt. cont. donat., iv, 10, 16, col. 164. Quid tibi facit malus minisler, ubi est Dominus ? In Joa., tr. V, 11, P. L., t. xxxv, col. 1419. Mémento sacramentis Dei nihil obesse mores malorum hominum. Cont. litter. Petit., il, 47, 110, P. L., X. xliii, col. 298. Ainsi qu’il est facile de le constater par ces quelques citations, la pensée de l’évêque d’Hippone est aussi nette que possible ; heureusement formulée, elle a contribué, pour une large part, à préciser le rôle du ministre dans l’administration des sacrements. Les Pères qui ont suivi, ainsi que les théologiens, restent, sur ce point, les tributaires de saint Augustin.

VI. Sujet.

Adultes et enfants, tous peuvent rece-