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BAPTÊME D’APBÈS LES PÈRES GRECS ET LATINS

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voir le baptême. —

Baptême des adultes.

Dans quelles conditions les adultes étaient-ils admis au baptême ? Des conditions requises, les unes regardent la validité, les autres la licéité. L’adulte, ayant l’âge de raison, ne peut se proposer, en demandant le baptême, qu’un acte raisonnable ; il doit se rendre compte de la gravité de cet acte et remplir les conditions indispensables. L’Église, de son côté, veille à ce que l’initiation chrétienne soit traitée avec tout le sérieux possible..Même avant que le catéchuménat soit une institution organisée, elle a soin de ne pas conférer indistinctement le baptême à tous ceux qui le demandent. Elle tient à s’assurer au préalable, que le candidat n’obéit pas à une impulsion de pure curiosité ou à un entraînement passager ; elle l’examine et exige avant tout qu’il ait une intention vraie ainsi que la connaissance des principaux devoirs que ce sacrement impose, tant au point de vue de la foi qu’en ce qui concerne les mœurs. Car elle estime qu’admettre sans précautions tous ceux qui se présentent est une coupable témérité. C’est ce que Tertullien note avec justesse. Sans doute, dit-il, il est écrit : Omni petenti te dalo ; mais cela ne regarde que l’aumône ; quant au baptême, il faut se rappeler le Nolite dare sanctum canibus. ltaque pro cujuscunque personæ conditione ac dispositione, etiam setate, cunctatio baplismi ulilior est. Pourquoi ? parce que ce délai permet de s’assurer et de la pureté des intentions et de la solidité des dispositions requises. Veniant ergo, dum adolescunt ; ventant, dum discunt, dum quo ventant docentur ; fiant christiani, cum Christum nosse potuerint. De bapt., 18, P. L., t. i, col. 1221. Même lorsque le catéchuménat fonctionne régulièrement avec sa double préparation catéchétique et ascétique, l’Eglise, au moment de conférer le baptême, s’assure une dernière fois des dispositions du candidat : de là les renoncements, les interrogations, la redditio symboli, la profession de foi. C’est pourquoi saint Cyrille consacre sa procatéchèse à dissuader les candidats de venir au baptême, poussés par des motifs futiles ; leur rappelant l’exemple de Simon le magicien, qui fut baptisé mais non pas illuminé, car s’il descendit dans la piscine et en remonta, son âme ne fut pas ensevelie avec le Christ et ne ressuscita pas avec lui, il leur recommande de ne pas imiter son exemple. Procat., 2, 4, P. G., t. xxxiii, col. 335, 341. Voir Catéchuménat.

Il pouvait arriver qu’un catéchumène se trouvât en danger de mort et dans l’impossibilité de manifester personnellement ses sentiments intimes. Dans ce cas, l’Église exigeait des preuves que le mourant avait bien l’intention de recevoir le baptême et les demandait à des témoins dignes de foi. C’est, en effet, ce que décidaient en particulier le IIIe concile de Cartilage, de 397, par son canon 34, et le I er concile d’Orange, de 422, par son canon 12, dans Hardouin, Act. concil., t. i, col. 961, 1785. Subito obmutescens, dit ce dernier, prout status ejus est, bapiizar’i potest, si voluntatis aut prteteritai testimonium aliorum verbis, aut pressentis in sao nulu… On demandait à saint Eulgence si le baptême donné à un adulte qui a perdu connaissance, mais désireux auparavant de le recevoir, est valide. Oui, répond-il, et il invoque l’usage de l’Église qui est de baptiser en pareil cas. Epist., XII, 10, P. L., t. i.xv, col. 389.

Or, indépendamment de cette intention clairement manifestée ou constatée par témoins, l’Eglise exigeait encore d’autres dispositions de la part du sujet, telles, par exemple, qu un commencement de foi, conformément aux textes du Nouveau Testament. Marc, XVI, 16 ; Act., II, il ; VIII, 37. Crois-tu en Dieu le Père ; crois-lu .-mi Fils ; crois-tu au Saint Esprit ? demandait-elle avant de conférer le baptême. Saint Augustin ne doute pas de la validité’du sacrement reçu sine sua simulalione et cum aliqua ftde. De bapt. cont. donat., vii, 53, 102, P. L., t. xi. iii, col. 243. Mais autre chose est la licéité. Car, dit-il : Nec interest cum île sacramenti integritate ac sanctitate tractatur quid credat et quali ftde imbutus sit ille qui accipit sacramentum. Interest quidem plurimum ad salutis viam ; sed ad sacramenti qusestionem nihil interest. Fieri etiim potest ut liomo integrum habeat sacramentum et perversam (idem. De bapt. cont. donat., ni, 14, 19, P. L., t. xi.in, col. 146. S’il y a fiction de la part du sujet qui reçoit le baptême, le sacrement n’en est pas moins reçu ; ses effets seuls restent suspendus. C’est ainsi que le baptême reçu de la main d’un hérétique est valide, bien qu’il soit frustré de son effet, qui est la rémission des péchés ; mais cette rémission devient unfaitacquis lorsque ce baptisé fait retour à la paix de l’Église. Tune ineipil valere idem baptisma ad dimittenda peccala, cum ad Ecclesiæ pacem venerit. .. ut idem ij/se qui propter discordiam foris operabatur morlem, propter pacem intus operetur salutem. De bapt. cont. donat., iii, 13, 18, P. L., t. XLIII, col. 146. Il en est de même dans l’Eglise catholique : la fiction du sujet n’empêche pas la réalité du sacrement ; elle retarde simplement son efficacité’jusqu’au moment où le baptisé se convertit sincèrement. Quod ante datumest valere incipit, cum illa ficlio veraci confessione recesserit. lbid., i, 12, 18, col. 119. En pareil cas, on ne réitère pas le baptême. Saint Eulgence ne pense pas autrement que saint Augustin : Non ergo accipiunt in baptismo salutem qui non tenent in corde atque ore jldei veritatem. Ac per hoc licet formam pietatis habeant, quss constat in sacramento baptismalis, abnegando tamen pietatis virtutem, nec vitani percipiunt nec salutem. E}nst., XII, iii, 7, P. L., t. lxv, col. 382.

De plus le candidat devait avoir le repentir de ses fautes, témoigner de son changement de vie. Aussi refusait-bn d’admettre au baptême toute personne engagée dans une profession criminelle ou entachée d’idolâtrie, à cause de l’absolue incompatibilité d’un tel état avec la sainteté de la vie chrétienne ; tels, par exemple, les concubinaires publics, les proxénètes, les femmes de mauvaise vie ; et tels encore les comédiens, les cochers, les gladiateurs, tous ceux qui servaient à l’amusement de la foule, au cirque, au théâtre ou à l’amphithéâtre, les sculpteurs ou fabricants d’idoles, les astrologues, les devins, les magiciens, etc. Aucun de ces personnages n’était admis qu’il n’eût préalablement renoncé à son genre de vie, contraire à la règle des mœurs ou à la règle de foi. Testamentum D. N. J. C, édit. Rahmani, Mayence, 1899, p. 112-116. Saint Augustin en signale quelques-uns. De octo Dulcit. quæst., i, 4, P. L., t. XL, col. 150. Il remarque que c’est une erreur de quelques-uns de ses contemporains d’admettre indistinctement tout le monde au baptême, De ftde etoper., 1, P. L., t. XL, col. 197 ; erreur en opposition avec l’usage traditionnel de l’Église, qui exige qu’on rompe avec de telles professions et qu’on en fasse pénitence. Ibid., 18, 33, col. 219.

Baptême des enfants.

Le baptême étant nécessaire, convenait-il de baptiser les enfants ? Les Pères sont unanimes â affirmer que non seulement il convient de baptiser les enfants, mais encore qu’il le faut. Ils ont prouvé leur affirmation de diverses manières. Si les pi us anciens, ayantprincipalement en vue le baptême desadultes, ont surtout insisté sur la rémission des péchés actuels, ils n’ont pas exclu celle du péché originel. Pour enseigner qu’il fallait baptiser lesenfants, ils se sont appuyés sur l’ordre donné par Jésus-Christ de baptiser : il est général et n’excepte personne. Saint Irénée, dès le IIe siècle, constate que Noire-Seigneur est venu sauver omnes qui per cum renascuntur in Deum, infantes, et parvulos, et pueras. Cont. Itœr., II, xxii, 4, P. G., t. vii, col. 784.

Une seule secte hérétique, celle des hiéracites, prétendit que les enfants sont incapables de recevoir le baptême. Augustin, Hier., iS, /’. /.., t. xi.ii, col. 39. Harnack, qui soutient qu’à l’origine de l’Église, le