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BAPTÊME DES HÉRÉTIQUES (CONTROVERSE RELATIVE AIT

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M" Duchesne, Les origines du cuti*’chrétien, 2e édit., 1898, 5, et dans les Texte und Untersuchungen ztir Œsehicltte der altchristl. Literatur, Leipzig, 1801, t. vi, fasc. 4 ; Constit. apost., P. C. t. i.

Travaux :
Petau, Theologicorum dogmat um, Paris, 1644-1650 ; Martène, De antiquis Ecclesise ritibus, Rouen, 1700 ; Visconti (Vicecomes), Observât iones ecclesiastica’de antiquis baptismi ritibus et cxremoniis, Milan, 1615 ; Orsi, De baptismo in nomine Jean Christi, Milan, 1733 ; Duguet, Dissertations théolog. et dogmat. sur tes exorcismes et autres cérémonies du baptême, Paris, 1727 ; Chardon, Histoire des sacrements, Paris, 1745, dans le Cursus theologiæ de Migne, t. xx ; Walch, Historia pxdobaptismi quatuor priorum sxculorum, Iéna, 1730 ; Acami, De pœdobaplismo solemni, Rome, 1755 ; Kleiner, Ortliodoxa de necessitate baptismi doctrina, Heidelberg, 1765 ; Zerschwitz, Die Katechumenen, Leipzig, 1868 ; Mayer, Der Katechumenat, Kempten, 1868 ; Weiss, Die altkirliche Psedagogilc, Fribourg, 1869 ; Probst, Die Liter. derdrei ersten Iahrb., Tuh’mgue, 1870 ; Corblet, Histoire du sacrement de baptême, Paris, 1881, contient la bibliographie des ouvrages spéciaux relatifs à l’histoire dogmatique, liturgique et archéologique du baptême : M tr Duchesne, Les origines du culte chrétien, t édit., Paris, 1898 ; V.Ermoni, L’histoire du baptême depuis l’édit de Milan (313) jusqu’au couette in Trullo (602), dans la Revue des questions historiques, 1898, t. Lxiv, p. 313-324 ; J. Stiglmayr, Sacramente und KirchenachPs. Dionysius, dans la Zeitschrift fur kathol. Théologie, 1898, p. 260-267 ; J. Ernst, Die Lettre des Liber de rebaptismate von der Taufe, ibid., 1900, p. 425-462 ; Beck, Der Liber de rebaptismateund die Taufe, dans le Katholik, 1900, t. xxi, p. 40-64 ; Dictionnaire d’archéologie, t. il, col. 251 sq.

G. Bareille.



III. BAPTÊME DES HÉRÉTIQUES (Controverse relative au).


I. Historique de la controverse.
II. Thése des rebaptisants.
III. Décret du pape Etienne.
IV. Le baptême des hérétiques après saint Cyprien.

I. Historique de la controverse.

Vers la fin du IIe siècle, quand les sectes hérétiques commencèrent à tuinber en discrédit, beaucoup de leurs membres, touchés de la grâce, demandèrent à entrer dans le sein de l’Église catholique. C’est alors que se posa la question de savoir à quelles conditions on admettrait dans l’Eglise les hérétiques au moment de leur conversion. Deux cas se présentaient : ou bien il s’agissait de catholiques passés a l’hérésie et, par suite, coupables ; ici, pas de difficulté : on leur imposait la pénitence avec un stage plus ou moins long d’oeuvres satisfactoires, à la suite duquel avait lieu la réconciliation ; ou bien il s’agissait d’hérétiques ayant reçu le baptême dans l’hérésie ; ici, la question était grave, et on la résolut dans des sens différents. Tandis que l’usage général fut d’imposer seulement les mains à ces convertis et de les admettre immédiatement dans la communauté catholique, quelques Églises particulières crurent devoir exiger la réifération du baptême. Ce dernier usage ét.iit suivi dans l’Afrique proconsulaire au commencement du iiie siècle. Il semble avoir eu pour point de départ une opinion fausse de Tertullien.

Cet écrivain, en effet, dans son traité De baptismo, 15, ]’. L., t. I, col. 1216, rappelant un de ses ouvrages composé en grec, avaii soutenu qu’il n’y a qu’un baptême, que le baptême des hérétiques dillère du baptême des catholiques, que lés hérétiques n’ayant pas le baptême tel qu’il doit être, n’en ont, en réalité, aucun, et que, dos lors, il était impossible soit de le donner, soit de le recevoir chez eux. C’était l’application du principe : Neitio dat quod non liabet. Or, sous Agrippinus, évêque de bailliage et contemporain de Tertullien, cette doctrine fut sanctionnée par un concile des évéques de 1 Afrique pruoonsulaire et de la Xumidie. Il fut décidé de soumettre d’abord au baptême catholique tout hérélique baptisé dans l’hérésie. Cyprien, Epis t., i.xxi, 2, P. L., t. iii, col. 1109 ; i.xxiii, col. 1112. D’après l’auteur des Philosophumena, i, 12, édit. Cruice, Paris, 1800, p. 446, cette décision fut prise sous le pontificat de Calliste (218-222). Aucun document ne prouve que Rome ait aussitôt protesté ; on constate, du moins, qu’il n’y eut pus, ù cette occasion, rupture de l’unité. Augustin.

De bapt. contr. donat., iii, 13, 14, P. L., t. xlui, col. 134135. Quelques années plus tard, vers la tin du règne d’Alexandre Sévère (222-235), la question fut tranchée dans le même sens, en Asie, par les synodes dlconium et de Synnada, de Phrygie. Eusèbe, H. E., vii, 7, P. G., t. xx, col. 619. Firmilien, évêque de Césarée en Cappadoce, invoquait l’autorité de la tradition apostolique, mais sans preuves, et ne rappelait aucune décision antérieure aux deux que nous venons de signaler. Episl., lxxv, 19, P. L., t. iii, col. 1170. Le même usage était observé à Antioche et en Syrie, si on en juge d’après les Constitutions apostoliques, VI, 15, ’P. G., t. i, col. 948, dans le texte syrien, quoique un peu postérieur et retouché.

A Rome et à Alexandrie, le baptême conféré par les hérétiques était jugé valide. Cette divergence de vues et de pratiques n’allait pas tarder à soulever un conllit. Un certain Magnus demanda à saint Cyprien si l’on devait rebaptiser les novatiens qui revenaient à l’Eglise ; I’évêque de Carthage se prononça sans hésiter pour l’affirmative. Epist., LXIX, 1, P. L., t. iii, col. 1138. L’auteur du traité Ad Novatianum de lapsis, 3, P. L., t. iii, col. 1209, enseignait que le sacrement de baptême, institué pour le salut du genre humain, pouvait être célébré par l’Église seule. C’était un évêque africain qui écrivait vers la fin de 253, plutôt que le pape Sixte II, auquel Harnack avait voulu l’attribuer. P. Monceaux, Histoire littéraire de l’Afrique chrétienne, Paris, 1902, t. il, p. 89. Peu de temps après, en 255, dix-huit évêques de Numidie consultèrent saint Cyprien pour savoir s’il y avait lieu, comme ils le pratiquaient eux-mêmes, de rebaptiser ceux qui, après avoir été baptisés pur des hérétiques, demandaient a rentrer duns le sein de l’Église. Epist., lxx, 1, P. L., t. iii, col. 1037. L’opinion de Cyprien ne pouvait être douteuse. L’évêque de Carthage avait toujours Tertullien à la main ; en 251, duns son traité De unitate Ecclesise, 11, P. L., t. iv, col. 524, il avait dit que le buptème des hérétiques donne des enfunts au démon, et non à Dieu ; de plus, il tenait à ne pas déroger ù une décision prise par l’un de ses prédécesseurs. Aussi répondit-il à Januarius el à ses collègues ; Sententiam nostram non novam promimus, sed jam pridem ab antecessoribus nostris statutam et a nobis observatam vobiscum pari consensione conjungimus, censentes scilicet et pro certo lenentes neminem foris baptizari extra Ecclesiam passe, cum sil baplisma unum in sancta Ecclesia constitutum. Epist., lxx, 1, -P. L., t. iii, col. 1038.

Un évêque de Mauritanie, Quintus, consulta à son tour Cyprien, en lui communiquant une lettre où les rebaptisants sont appelés prévaricateurs de la vérité et traîtres à l’unité. Il y avait donc en Afrique même des partisans de la non-rebuptisution des hérétiques. Cyprien envoie à Quintus la lettre précédente, et en ajoute une autre où il s’étonne que des collègues admettent des hérétiques convertis suns leur conférer préalablement le baptême, préférant hærelicis honorent tiare quant nobis consentir » . Epist., lxxi, 1, P. L., t. iii, col. 1104. Il insiste sur l’absence du vrai baptême chez les hérétiques ; ils ne peuvent donner ce qu’ils n’ont pas. Les évéques dissidents s’en tiennent, disent-ils, à l’ancienne coutume. Lui aussi pratique l’ancienne coutume, qui consiste ù imposer les mains in psenitentiam, mais exclusivement à l’égard des baptisés catholiques qui, après être passés au schisme ou à l’hérésie, font retour à l’unité, Epist., i.xxi, 2, ibid., col. 1106 ; quant à celui qui n’a été baptisé qu’en dehors de l’Église, il le tient pour alienus et profanus, par suite baptizandus ut ovisfiat. L’ancienne coutume, pour celui-ci, n’a pas à être observée.

Réunissant, l’année suivante, les évéques de l’Afrique proconsulaire et de la Xumidie, au nombre de 71, Cyprien rédige la lettre synodale où il est déclaré que le baptême les hérétiques ou des schismatiques étant invalide et nul, l’imposition des mains ad Spiritum Sanclum est