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BENEDICTION

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tennient debout pendant la bénédiction. Traité Taanilh, IV, 1, p. 177. Tous les prêtres présents procédaient simultanément à la bénédiction ; les Israélites qui étaient placés derrière les prêtres n’étaient pas compris dans la bénédiction ; mais ceux qui étaient devant ou à côté en recevaient les ellets. Le pouvoir de bénir avait été conféré à toute la race sacerdotale ; aussi la bénédiction d’un prêtre aux mœurs dissolues ou meurtrier n’était pas inefficace. Car, semble dire le Seigneur, de qui émane la bénédiction ? N’est-ce pas en réalité de moi, comme il est écrit : « Ils invoqueront mon nom sur les enfants d’Israël ! et je les bénirai. » Num., vi, 27. Traité Guitin, v, 7, trad., Schwab, Paris, 1887, t. ix, p. 32-33.

Sous la loi nouvelle.

Jésus-Christ, en diverses

circonstances, a béni des personnes ou des choses. Les iemmesde la Galilée lui présentaient leurs enfants pour qu’il leur imposât les mains et priât pour eux. Les rabbins avaient coutume de bénir ainsi les petits enfants ; ce qui explique la démarche spontanée des mères juives. Les disciples de Jésus voulant écarter les enfants, le Maître s’en indigna, fit approcher ces innocentes créatures et leur imposa les mains. Matth., xix, 13-15 ; Marc, x, 13-16. Beaucoup de commentateurs pensent aussi que les femmes juives, ayant vu les malades guéris et les démons chassés par l’imposition des mains du Sauveur, Luc, vi, 18, 19, lui apportaient leurs enfints pour que sa bénédiction éloignât d’eux les maux et attirât sur eux les biens. Knabenbauer, Comment, in Ev. sec. Matth., Paris, 1893, t. il, p. 150. Cf. Origène, Comment, in Matth., tom. xv, n. 6, P. G., t. xiii, col. 1269. Avant de remonter au ciel, Jésus éleva ses mains et bénit ses disciples. Luc., xxiv, 50. Pour multiplier les pains, il leva les yeux au ciel, les bénit et les rompit. Matth. xiv, 19 ; xv, 36 ; Joa., vi, 11. Sa bénédiction elle-même multipliait les pains et les poissons. Origène, Comment, in Matth., tom. xi, n. 2, P. G., t. xiii, col. 908. A la dernière Cène, il bénit le pain et le viii, avant de les consacrer. Matth., xxvi, 26, 27. A Emmaùs, il prit du pain, le bénit, le rompit et le présenta à ses disciples qui le reconnurent alors, Luc, xxiv, 30, 31, èv tt] xXâ<rei toû apxou, 35, c’est-à-dire à sa manière habituelle de rompre le pain, après l’avoir béni, car bien plus probablement il n’est pas question de l’eucharistie, mais seulement de la bénédiction ordinaire avant le repas. Knabenbauer, Evangelium secundum Lucam, Paris, 1896, p. 639. Les rabbins, d’ailleurs, avaient aussi la coutume de prier et de bénir Dieu avant le repas. Jésus, en adoptant les usages juifs, ne pratique pas seulement une cérémonie de son temps et il veut faire plus que réciter une prière. Il lève les yeux au ciel avant de bénir le pain, Matth., xiv, 19, qui se multiplie d’une façon prodigieuse. Il prie en tant qu’homme pour que sa bénédiction produise les effets que comme Dieu il aurait pu produire directement. Quand il impose les mains aux petits enfants, c’est pour réaliser en eux des effets salutaires, de même que par l’imposition de ses mains, il guérissait des malades. Matth., viii, 3. Sa puissance divine se manifestait par la guérison produite par le contact de ses mains. Quand il priait son Père, il était assuré de l’efficacité de sa prière et de sa bénédiction à cause de l’union morale de leurs volontés, union aussi étroite que celle de la volonté et , de la toute-puissance en Dieu.

Or, Jésus a communiqué à ses disciples le pouvoir de faire des miracles par l’imposition des mains et la bénédiction, car leur salutation devait produire la paix dans les maisons où ils entraient. Matth., x, 8, 12, 13 ; Luc, x, 5, 6. Cette salutation n’était pas le salut de politesse ordinaire qu’on formule en pénétrant dans une maison ; c’était une prière et une bénédiction, appelant sur les habitants la paix messianique et produisant son effet sur les âmes bien disposées. Knabenbauer, Comment, in Ev. sec. Matth., Paris, 1892, t. i, p. 386-387.

De fait, les disciples dans cette première mission guérissaient les malades et chassaient les démons. Luc, x, 17-20. Pour l’expulsion de certains démons, il fallait la prière et le jeûne. Matth., xvii, 15-20. Saint Marc, vi, 13, est seul à dire que les apôtres guérissaient les malades en les oignant d’huile. L’huile ainsi employée n’était pas un remède ordinaire. Il est évident qu’elle n’opérait ses heureux effets que grâce à la bénédiction divine, car il n’y a pas de rapport entre le remède usité et les guérisons obtenues. Il est vraisemblable, d’ailleurs, que cette huile avait été bénite au préalable. Knabenbauer, Comment, in Ev. sec. Marcum, Paris, 1894, p. 162-163. Avant de remonter au ciel, Jésus donna aux apôtres le pouvoir définitif et permanent de faire des miracles et de guérir les malades par l’imposition des mains. Marc, xvi, 17, 18. Les faits racontés dans les Actes montrent suffisamment que les apôtres ont usé de ce pouvoir divin.

1. Bénédiction des personnes.

Elle a été usitée par les apôtres et dans l’Église. On en trouve une preuve dans les formules de salutation qui commencent et terminent la plupart des épîtres apostoliques. Elles contiennent toutes les mots /dipcç, « grâce, » Eipvv " paix, » Rom., i, 7 ; I Cor., i, 7, etc. ; I Pet., i, 2 ; II Pet., i, 2, ou -/âptç, ë).£o ;, « miséricorde, » eîpr, vr|. I Tim., I, 2 ; II Tim., i, 2. Ce ne sont pas des salutations ordinaires ni de simples prières, mais de réelles bénédictions. Elles sont des appels à Dieu, auteur de la grâce, de la paix et de la miséricorde, à Jésus-Christ, cause méritoire et efficiente de ces mêmes dons. Les apôtres les donnent, en vertu de leur ministère apostolique et en application des pouvoirs reçus de Dieu et de Jésus-Christ. Les Pères y ont vu de réelles bénédictions, pareilles à celles qui se faisaient au nom de Dieu dans l’Ancien Testament. Origène, Comment, in epist. ad Rom., 1. I, n. 8, P. G., t. xiv, col. 853 ; S. Jérôme, Comment, in epist. ad Tit., P. L., t. xxvi, col. 636 ; Théodoret, Int. epist. ad Rom., xvi, 24, P. G., t. lxxxii, col. 225 ; Int. epist. ad Gal., vi, 18, ibid., col. 504. Ce dernier écrivain, Epist., xcvni, P. G., t. lxxxiii, col. 1292, envoyait à son correspondant la bénédiction apostolique contenue II Tim., i, 16-18. Cette coutume de commencer une lettre par une bénédiction a été observée par les Pères apostoliques, saint Clément de Rome, saint Ignace et l’auteur de l’épître attribuée à saint Barnabe. Aujourd’hui encore le pape donne la bénédiction apostolique au début des bulles et constitutions, et les évêques font de même en tête de leurs lettres pastorales.

D’ailleurs, les Pères ont enseigné que le pouvoir d& bénir, conféré par Dieu au sacerdoce aaronique, avait passé au sacerdoce chrétien et s’était transmis dans l’Église. Const. apost., 1. II, c lvii, P. G., t. i, col. 737 ; Théodoret, Qusest. in Num., q. xii, P. G., t. lxxx, col. 363 ; S. Isidore, De eccl. offre, 1. I, c. xvii, P. L., t. lxxxiii, col. 754 ; Hezychius, In Lev., 1. II, P. G., t. xem, col. 893-894. En réalité, la bénédiction sacerdotale a été usitée dans la liturgie chrétienne et en dehors. Tertullien, Liber de testimonio animée, c. ii, P. L., t. i, col. 611, en opposant les bénédictions des chrétiens aux malédictions des méchants, distingue chez les chrétiens deux sortes de bénédictions : Etiam quod pênes Deum bunitatis et benignitatis omnis benedictio inter nos summum sit disciplinée et conversât ionis sacramentum : Benedicat te Deus, tam facile pronuntias quam christiano necesse est. Or, il décrit, Adv. Marcion., 1. IV, c. xxiv, P. L., t. ii, col. 419, le conversalionis sacramentum, en disant : Quse est enim inler vias benedictio, nisi ex occursu mutua salutatio ? Et il rappelle l’ordre donné par Jésus-Christ à ses disciples de saluer les habitants des maisons où ils entraient. Luc, x, 5. Quant au disciplinas sacramentum, il faut l’entendre d’une bénédiction usitée dans le service divin, car disciplina dans la langue de Tertullien signifie