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souvent ce service. Or, si généralement il entend par bénédiction le sacrifice de la messe, voir Probst, Liturgie der drei ersten christl. Jahrhunderte, Tubingue, 1870, p. 196-201, néanmoins, à cause de la formule citée, on peut l’entendre cette fois d’une bénédiction liturgique sur le peuple, donnée dans le service divin. Dans l’ancienne messe, les catéchumènes, après que l’assemblée avait prié pour eux, s’inclinaient sous la main du pontife qui les bénissait. Const. apost., 1. VIII, c. vi. P. G., t. i, col. 1077 ; Testamentum l>. N. J. C, ('dit. Rahmani, Mayence, 1899, p. 118. Il y avait aussi une bénédiction du prêtre pour les fidèles. Théodoret, In Ps. cr, 48, P. G., t. lxxx, col. 1736. A Rome, la messe terminée le pontife, en retournant au sacrarium, bénissait successivement les divers groupes de clercs et de fidèles qui s'échelonnaient sur son passage. L. Duchesne, Origines du culte chrétien, Paris, 1889, p. 179. A la messe gallicane, la bénédiction de l'évêque précédait la communion. Cf. Durand, De ritibus Ecclesise calliolicæ, 1. II, c. lvii, Lyon, 1595, p. 567 ; Bona, Rerum liturg., 1. II, c. xvi, dans Opéra, Venise, 1764, p. 315. Il en existait beaucoup de formules, variables selon la fête, dont l’usage survécut en France à l’adoption de la liturgie romaine. Cette bénédiction existe aussi dans les liturgies mozarabique et ambrosienne. Duchesne, op. cit., p. 212-214. Cf. t. i, col. 962. Le rite romain actuel comporte la bénédiction à la fin de toutes les messes, sauf aux messes des morts.

Les évêques et les prêtres bénissaient les fidèles en dehors de la messe. Les Constitutions apostoliques, 1. II, c. lviii, P. G., t. i, col. 740, recommandent à l'évêque de permettre à un évêque étranger de célébrer l’eucharistie et, si celui-ci refuse, de lui faire au moins bénir le peuple. Elles rapportent, 1. VIII, c. xxxvii, col. 1140, une formule de bénédiction épiscopale pour terminer l’office du soir. Au 1. III, c. x, col. 788, elles interdisent aux laïques d’usurper aucune des fonctions sacerdotales, parmi lesquelles elles indiquent e-JÀoyiav quxpàv r ixeyâXviv. Des critiques ont vu dans la grande bénédiction celle des évêques et dans la petite celle des prêtres. Mais c’est sans fondement, car s’il est défendu aux diacres de donner la grande et la petite bénédiction, on n’interdit aux prêtres que l’ordination. L. VIII, c xxviii, xi. vi, eol. 1124-1125, 1153. Les prêtres ont donc aussi bien que les évêques le droit de donner ces deux bénédictions. Le prêtre, d’ailleurs, a pour fonction propre de bénir le peuple. L. III. c. xx, col. 804. II s’agit ici de la bénédiction solennelle et publique, qui probablement était appelée grande bénédiction comparativement a la bénédiction privée, qui était dite la petite bénédiction. Saint Basile, Epist., cxcix, n. 27, P. G., t. xxxii, col. 724, interdit au prêtre déposé en raison d’une union incestueuse de bénir soit en public soit en particulier. V.Vi’j'.iy. fàp âytatrjioù fj.eTàSo<r(ç è<7tiv. Or, ajoute-t-il, le prêtre, coupable même par pure ignorance, ne peut pas donner ce qu’il n’a pas. Cf. Balsainon et Zonaras, P. G., t. cxxxviii, col. 677, 680. Le concile in Trullo (692), can. 3, Mansi, ConciL, t. xi, col. 941, a porté une décision analogue. Cf. P. G., t. cxxxvii, col. 528, 529. Lo concile de Laodicée, tenu en 363, avait défendu, can. 32, Mansi, t. ii, col. 570, de recevoir les bénédictions des hérétiques : ai' Tivéç eia-tv àXoyfat |j.àX>.ov V) eùXoyfat. Cf. P. '-'.. t. cxxxvii, col. 1380, 1381. La bénédiction sacerdotale différait de la prière par le rite comme par l i fficacité. Le prêtre, en priant, élevait les mains vers le ciel ; en bénissant, il les imposai ! de diverses manières sur ceux qu’il bénissait. Sur les rites différents de la bénédiction, voir Martigny, Dictionnaire des antiquités cht étiennes, 2e édit., Paris, 1877, p. 99-100. Toutefois les Pères on) enseigné que l’efficacité de la bénédiction des prêtres dérive de Dieu dont ils sont les ministres. Saint Césaire d’Arles, Serm., cclxxxv, n. 2, /'. /… i. xxxix, cul. 2284, dit aux Gdèles qu’en inclinant

leurs têtes sous la bénédiction du prêtre, ils s’humilient non devant un homme, mais devant Dieu. Dans le Senn., cclxxxvi, n. 5, ibid., col. 2286, il explique ainsi cette inclination : Quia benediclio vobis, licet per liominem, non tanien ab homine datur. Et il ajoute : Nec attendatis si forte négligeas est qui exlùbet, sed Dominum respicite qui transmitlit ; benediclio enim quse vobis datur, vos et pluvia cselestis esse cognoscitur. Saint Prosper d’Aquitaine, In Ps. cxxviii, P. L., t. i.i, col. 375, remarque que les prophètes, les apôtres et les saints ont béni non en leur nom, mais au nom du Seigneur. Cassiodore, In Ps. cx.xviii, P. L., t. lxx, col. 938, dit : Ipsa est jirma et vera benedictio, quse sub Domini commemoratione præstatur, a quo venit omne quod expedit. Cf. In Ps. cvii, col. 833. L’auteur àel’Opus hnperf. in Malth., homil. xxxii, P. G., X. lvi, col. 805, en parlant de la bénédiction des enfants, dit que ce n’est pas le prêtre qui impose les mains, mais Jésus-Christ au nom de qui on les impose. Procope de Gaza, Comment, in Num., P. G., t. lxxxvii, col. 507, assure que tout le mérite de la bénédiction doit être rapporté à Dieu, de qui découle tout bien et tout don, et que Jésus-Christ est la voie par laquelle les bénédictions nous arrivent. Ilezychius, In Lee, P. G., t. xciii, col. 893-894, remarque que la bénédiction, donnée par les prêtres, descend du ciel, et que les prêtres ne la donnent pas de leur propre vertu, mais comme étant les représentants de Jésus-Christ.

2. Bénédiction des objets.

Dans le Nouveau Testament, il n’est question que de la bénédiction des aliments. Saint Paul expose à son disciple Timothée la doctrine qu’un bon ministre du Christ doit proposer aux fidèles pour les mettre en garde contre les erreurs des faux docteurs. Ceux-ci ordonnaient en particulier de « s’abstenir d’aliments que Dieu a créés pour que les fidèles et ceux qui ont connu la vérité en usent avec actions de grâces. Car tout ce que Dieu a créé est bon et rien ne doit être rejeté, pourvu qu’on le prenne avec action de grâces, parce que tout est sanctifié par la parole de Dieu et parla prière » . I Tim., iv, 3-5. De ce dernier verset on peut conclure que les premiers chrétiens, à l’exemple des Juifs, priaient avant le repas, non seulement pour remercier Dieu des aliments donnés par sa munificence, mais encore pour les sanctifier par la prière et les soustraire à la malédiction qui par suite du péché originel pèse sur toute la nature. Cf. Const. apost., 1. VII, c. xlix, P. G., t. i, col. 1057.

Les Pères ont reconnu la nécessité de bénir et de sanctifier les choses de la nature avant de s’en servir pour le culte ou dans l’usage privé. Pour la bénédiction de l’eau baptismale, voir col. 181-182. On bénissait aussi l’huile qui était employée dans l’administration de plusieurs sacrements. Pseudo-Denys l’Aréopagite, De eccl. hierarchia, c. iv, P. G., t. iii, col. 471 sq. ; Const. apost., 1. VII, c. xlii ; 1. VIII, c. xxix, P. G., t. i, col. 1044, 1 125 ; Sacramcu taire gélasien, P. L., t. i.xxiv, col. 1100 ; Sacramentaire gallican, 1'. L., t. i.xxii. col. 569 sq. Voir Chrême et HUILES saintes. Sur l’usage du sel bénit dans l’administration du baptême, voir CaTÉCHUMÉNAT. On bénissait le pain en des circonstances différentes et ces pains bénits étaient nommés eulogies. Voir Pain BÉNIT. Le gnostique Théodote reconnaissait la bénédiction du pain, de l’huile et de l’eau ; le pain et l’huile bénits avaient une vertu spirituelle et l’eau exorcisée avail reçu la sanctification. Excerpta ex scriptis Theodoti, n. 82, /'. G., t. ix, cul. 696. A la collation solennelle du baptême, on bénissait le lait et le miel qu’on servait aux néophytes immédiatement après la communion. Voir col. 217. Le Testament de.Y. -S../.-(, '., 1. ii, 10, [>. 138, contient une formule de bénédiction des fruits. Elle est suivie de cette rubrique qu’on ne bénit pas les légumes, mais les fruitsdes arbres, les Heurs, les roses et les lis. Sur la bénédiction de l’huile et des pré-