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ciunt. Ibid., 1. 1, c. ii, réponse à la 2° objection.

5. In promissione facta an^elo et primo homini continetur naturalis justitiæ constitulio, qua pro bonis operibus sine alio respectu vita aeterna justis promittitur. Ibid., 1. I, c. ii, réponse à la 2' objection.

6. Naturali lege constitution fuit homini, ut, si in obedientia perseveraret, ad eam vitam pertransiret, in qua mori non posset. Ibid., 1. I, c. m.

11. Quod pie et juste in hac vita mortali usque in finem vitae conversati vitam consequimur aeternam, id non proprie (dans Baius, proposito) gratiae Dei, sed ordinationi naturali statim initio creationis constitutaj justo Dei judicio deputandum est : neque in hac retributionebonorum ad Christi meritum respicitur, sed tantum ad primam institutionem generis humani, in qua lege naturali constitutum est, ut justo Dei judicio obedientiae mandatorum vita aeterna reddatur. Ibid., 1. I, c. IX ; Baiana, p. 81-82, 85-86.

usent d’elles-mêmes pour l’obtenir.

La promesse faite à l’ange et au premier homme contient la loi constitutive de la justice naturelle, suivant laquelle la vie éternelle est promise aux justes pour leurs bonnes œuvres sans aucune autre considération.

C’est par une loi naturelle qu’il a été statué que, si l’homme persévérait dans l’obéissance, il passerait à une vie immortelle.

Si, après avoir persévéré jusqu'à la fin de cette vie mortelle dans la piété et la justice, nous obtenons la vie éternelle, ce n’est pas proprement à la grâce de Dieu, mais à l’ordre naturel établi avec la création même par un juste jugement de Dieu, qu’il le faut attribuer ; et dans cette récompense des bonnes œuvres, il n’y a point d'égard aux mérites de JésusChrist, mais seulement à la première institution du genre humain où, suivant une loi naturelle, il a été établi par un juste jugement de Dieu que la vie éternelle serait accordée à l’observation des commandements.

Dans ces propositions, Baius considère les bonnes œuvres des anges et des hommes dans leur rapport avec la fin dernière. C’est la partie positive de sa doctrine sur le fondement du mérite. Il affirme clairement qu’entre la vie éternelle, considérée comme objet du mérite, et les bonnes œuvres, considérées comme accomplissement de la loi divine, il y a un rapport immédiat et nécessaire, fondé qu’il est sur l’ordre naturel ; aussi garde-t-il son application dans l'état de nature réparée par le Christ. La grâce est alors nécessaire pour que la bonne œuvre puisse se faire ; mais du moment que la bonne œuvre existe, elle a par elle-même son caractère de mérite par rapport à la vie éternelle. C’est, du reste, l’enseignement de la sainte Écriture : « Si vous gardez mes commandements, ils vous conserveront ; si vous voulez entrer en possession de la vie, gardez les commandements. » Mais en quoi consiste exactement pour Baius ce qu’il appelle la loi naturelle ou la loi constitutive de la justice naturelle ? Dans son apologie, il répond : Naturalis lex dicitur hic constitutio in prima hominis creatione facla a Deo, quam ipse nunquam erat mutaturus. Baiana, p. 82. Il s’agit donc de la constitution établie par Dieu d’une laçon irrévocable dans la première création de l’homme ou de l’ange ; constitution naturelle, ajoute notre docteur, car on dit d’un être qu’il est par nature ce qu’il est en vertu de sa première formation, unumquodque enini id ex natura sua esse dicitur quod est ex prima sui institutione. Si Baius entendait réellement et simplement par cette loi naturelle le décret par lequel Dieu a résolu, dès l’origine, d’accorder le royaume des cieux aux anges et aux hommes qui persévéreraient dans la justice originelle, conservée ou recouvrée par les mérites de Jésus-Christ, sa doctrine énoncerait ce que contiennent, en effet, les textes scripluraires qu’il invoque, et n’aurait rien de répréhensible en dehors de la question de terminologie. Mais l'équivoque déjà signalée revient ici, à propos du mot naturel. Baius tient par ailleurs, et tient fermement que la constitution primitive dont il s’agit n'était pas seulement naturelle au sens large du mot et dans l’ordre historique, mais qu’elle l'était aussi au sens strict et absolu, en d’autres termes, qu’elle était

due aux exigences de la nature angéliqi’e et humaine.

Toute cette doctrine serait logique et se comprendrait facilement dans la double supposition qui esta la base du système, à savoir la destination naturelle de l’ange et de l’homme à la vie éternelle, comme unique fin dernière qui soit possible ou du moins convenable pour la créature raisonnable, et le caractère naturel des dons contenus dans la justice originelle. Cette double supposition étant fausse, le vice radical des propositions 2e, 4e, 5e, 6e et 11e, apparaît immédiatement ; elles sont erronées, comme le principe sur lequel elles s’appuient. Parce qu’il y a un ordre surnaturel qui dépasse les forces et les exigences de la créature raisonnable, et que l'élément principal ou le terme de cet ordre supérieur est la vie éternelle, le rapport entre celle-ci considérée comme objet de mérite et les bonnes œuvres de l’ange et de l’homme ne peut en aucune façon faire abstraction de la grâce, il doit au contraire se fonder sur elle, comme on le verra dans la série de propositions qui va suivre. Pour les mêmes raisons, la constitution primitive dont parle Baius n’est pas proprement naturelle, mais surnaturelle et gratuite, comme le proclament les docteurs de Louvain, supernaturalem omnino legem graluitamque ordinationem. Baiana, p. 165. Enfin, on ne saurait adinettrela comparaison établie dans la proposition 2e, entre la mauvaise action et la bonne œuvre sous le rapport du démérite et du mérite. Dans quelque ordre de providence qu’on le suppose commis, le péché mortel, mais non pas toute mauvaise action, est une offense envers la majesté infinie de Dieu et par là mérite la damnation éternelle ; il n’en va pas ainsi des bonnes œuvres par rapport à la vie éternelle, entendue de la pleine et immédiate possession de Dieu : faites par les seules forces de la nature, ou même en dehors de la grâce sanctifiante, elles n’ont pas de proportion avec cette fin supérieure. Aussi les docteurs sorbonisles censurèrent-ils, comme opposée à l'Écriture sainte, cette proposition : « Toute bonne œuvre mérite la vie éternelle. »

Ces considérations sont générales, mais elles s’appliquent plus particulièrement encore à l’ordre de providence qui est le nôtre ; il est impossible d’y supposer des œuvres méritoires qui n’aient pas un rapport intime à la grâce de Jésus-Christ, considérée et comme condition préalable à leur existence et comme principe de leur valeur méritoire. S. Thomas, Sun), theol., I a II* 1, q. C.xiv, a. 2 ; Bellarmin, De justi/icatione, 1. V, c. xm-xiv ; Vasquez, Comment, in i am // æ, disp. CCXIV, c. XIII.

13. Opéra bona, a filiis adoptionis facta, non accipiunt rationem meriti ex eo quod fiant per spiritum adoptionis inhabitantem corda filiorum Dei, sed tantum eo quod sunt conformia legi, quodque per ea præstatur obedientia legi. Detneritis operum, 1. II, c. I, quant au sens.

15. Ratio meriti non consista in eo, quod qui bene operantur, habeant gratiam et inhabitantem Spiritum Sancturn, sed in eo solum quod obediunt divinae legi. Ibid. ; Baiana, p. 88.

12. Pelagii sententia est : opus bonum, citra gratiam adoptionis factum, non est regni cælestis meritorium. Ibid., c. iv, tit. ; Baiana, p. 87.

17. Sentiunt cum Pelagio, qui dicunt esse necessarium ad rationem meriti, ut homo per gratiam adoptionis sublimetur ad statuin deificum. Ibid., c. iv.

Les bonnes œuvres faites par les enfants d’adoption no tirent pas leur mérite de co qu’elles sont faites par l’esprit d’adoption qui habite dans lo cœur des enfants de Dieu, mais seulement de ce qu’elles sont conformes à la loi, et quo par elles on obéit à la loi.

Le mérite ne consiste pas en ce que celui qui agit bien, est en état de grâce et possède le Saint-Esprit, mais seulement en ce qu’il obéit à la loi do Dieu.

C’est un sentiment de Pélago que la bonne œuvre faite sans la grâce d’adoption n’est point méritoire du royaume des cieux.

Ceux-là pensent comme Pelage qui prétendent que pour mériter, il faut que l’hommo soit élevé par la grâce d’adoption à un état divin.