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BULLE


l’union, comme la division et l’extinction des églises cathédrales ou métropolitaines ; l’érection des collégiales ; l’investiture canonique des évêques, ou leur translation d’un siège à un autre ; la concession du pallium : la provision des grands bénéfices, des abbayes, par exemple, etc.

III. EN QL’OI UNE BULLE DIFFÈRE D’UN BREF. —Jusqu’à

Léon XIII. les bulles étaient distinctes par le sceau métallique des brefs scellés seulement à la cire rouge, avec l’empreinte de l’anneau du pécheur, voir Bref, col. 1125. Par son motu proprio du’29 décembre 1878, ce pape a réservé l’emploi du sceau de plomb pour les bulles portant établissement, suppression ou provision d’évêchés. Depuis lors, les autres bulles reçoivent un sceau rouge plaqué, représentant la tête des apôtres Pierre et Paul avec le nom du pape régnant pour légende. Les bulles diffèrent encore des brefs sous bien d’autres rapports.

— 1° Elles sont écrites sur un parchemin épais, jaunâtre et rugueux, tandis que les brefs le sont sur de fines membranes, blanches et lisses. Cependant la chancellerie pontificale s’est servie du papyrus pour expédier les bulles jusqu’au milieu du XIe siècle. C’est sur cette matière, à l’exclusion de toute autre, que les lettres apostoliques furent écrites jusqu’à la fin du x° siècle. La Bibliothèque nationale de Paris conserve (galerie des chartes, n. 420) une bulle de Sylvestre II sur papyrus qui est datée du 23 novembre 999. Une reproduction héliographique se trouve dans la Bibliothèque de l’école des chartes, 1876, t. xxxvii. Au xie siècle, on constate l’emploi simultané du papyrus et du parchemin. Le parchemin fit son apparilion, en 1022 ; mais il ne supplanta pas complètement le papyrus, car on a connu des bulles sur papyrus, datées de 1052 et de 1057. M. Prou, Manuel de paléographie latine et française, 2e édit., Paris, 1882, p. 176. Cf. Wattenbach, Das Schriftwesen im Mittelalter, Leipzig, 1871, p. 74-76 ; card. Pitra, Etude sur les lettres des papes, dans Analecta novissima, Frascati, 1885, t. i, p. 82-83 ; L. Delisle, Les bulles sur papyrus de l’abbaye de Saint-Bénigne, dans les Mélanges de paléographie, Paris, 1880, p. 37-52 ; H. Omont, Bulle sur papyrus du pape Benoit Vlll (avec un tableau des bulles conservées sur papyrus), dans le Journal des savants, 1903, p. 635-638. G. Marini, 1 papiri diplomatici, in-fol., Borne, 1805, a édité un certain nombre de bulles sur papyrus. — 2° Sous le rapport de l’écriture, employée pour la rédaclion des bulles pontificales, les diplomatistes ont constaté au cours des siècles des usages différents. Une des variétés de l’écriture lombardique a été usitée à la chancellerie pontificale jusqu’au commencement du xi Ie siècle. Cependant, dès la lin du siècle précédent, la minuscule lrançaise apparaît dans les bulles d’Urbain II et de Pascal IL Voir des facsimilés de bulles dans Pllugk-llarttung, Specimina selecta chartarum ponli/icum romanorum, in-fol., Stuttgart, 1885. La chancellerie pontificale employa l’écriture française jusqu’au xvie siècle, presque sans altération, et c’est d’elle que sont sortis, au xiie siècle, les plus beaux modèles d’écriture minuscule. Sous Clément VIII (1592-1605), cette chancellerie adopta une écriture, appelée eu latin littera sancti Pétri et en italien scrittura bollatica. Cette écriture, qui est particulièrement laide, remplie d’abréviations Lrrégulières et d’une lecture difficile, fut complètement formée sous Alexandre VIII (1689-1691) et son emploi a persisté dans les bulles jusqu’au pontificat de Léon XIII. M. Prou, Manuel de paléographie latine et française, 2e édit., Paris, 1892, p. 39, 112-114, 156. Cf. card. de Luca, De relation, romanm curiæ, in-4°, Cologne, 1683, t. H, dise, vii, n. 12 ; card. Petra, Commeniaria ad const. apostolic, 5 in-fol., Rome, 1705, t. i, præmium, § 2, n. 18. Pour les brefs, au contraire, on se servait, comme aujourd’hui encore, des caractères latins ordinaires. Le motif pour lequel] dans les bulles, la curie romaine employa si

longtemps cette écriture presque indéchiffrable, aurait été d’après Corradus, Praxis dispensationum apostolicarum, in-fol., Venise, 1656 ; Cologne, 1672, 1. II, c. vii, le désir de rendre plus rares, en les rendant plus difficiles, les interpolations ou altérations si préjudiciables en ces matières. La première année de son pontificat, Léon XIII, par un motu pronrio du 29 décembre 1878, proscrivit définitivement l’emploi de la scrittura bollatica, qui rendait malaisée la lecture des lettres apostoliques et en retardait l’expédition : cum experientia compertum fuerit, dit le pontife, charactere theutonico, vulgo DOLLATico, utpote ab usu commuta remolo, litterarum apostolicarum lectioni dif/icidtatem ingeri, et earutndem remorari expeditionem, quousque authenticum exemplar transumptum nuncupatum, signatum fuerit. Constit. du 29 décembre 1878. Depuis lors, les bulles sont écrites en caractères ordinaires. — 3° Jusqu’à la même époque, on avait gardé aussi la vieille orthographe et négligé la ponctuation, car les bulles furent longtemps transcrites sans points, ni virgules, ni alinéas, ni divisions d’aucune sorte. L’en-tête n’était même pas, comme dans les brefs, séparé du texte, sous forme de titre, en vedette, mais faisait corps avec le texte de la bulle. — 4° Dans la formule initiale des bulles, le nom du pape n’est pas accompagné du chill’re indiquant le rang occupé par le pontife dans la série de ceux qui ont porté le même nom. Ce chiffre se trouve, au contraire, dans la suscription des brefs. — 5° Après le nom du pape viennent, dans les bulles, depuis plus de douze cents ans, les mots episcopus, servus servvrum Dei. Saint Grégoire le Grand fut le premier qui adopta cette désignation. Par cet acte d’humilité, il voulait réfréner l’orgueil du patriarche de Constantinople qui, par une prétention en opposition avec toutes les lois de l’Église, s’attribuait le titre de patriarche universel. Dans les brefs, le pontife prend le titre de papa, par exemple : Eiigenius, papa quarlus. — 6° La formule initiale est suivie, dans les bulles, de la clause : Ad perpétuant rei memoriatn. C’est un témoignage de la volonté bien arrè’tée qu’a le souverain pontife de donner à cette constitution, vu la gravité de la matière qui y est traitée ou réglée, une durée constante et invariable. — 7° En général, les bulles ne sont pas signées par le souverain pontife, même quand son nom s’y trouve ; mais par les fonctionnaires ou employés de la chancellerie apostolique, chargés de les rédiger, de les transcrire, de les enregistrer et de les expédier. — 8° Dans la date des bulles, les années sont comptées à partir de l’incarnation, tandis que, pour les brefs, elles le sont à partir de la nativité de Notre-Seigneur, et le jour du mois est indiqué suivant le calendrier romain par les calendes, les ides et les nones. Cf. Beiffenstuel, Jus canonicum universum, Decretalium, 1. I, tit. ii, De constitutionibus, § 1, q. il, n. 19, 20, 6 in-fol., Venise, 1755-1760, t. I, p. 63 ; M. Prou, Manuel de paléograpltie, p. 115-117 ; M. Tangl, Der Jahresanfang in den Papslurkunden des XIII Ja/irhundert, dans llistorische Vierteljahrschrift, 1900, t. iii, p. 86-89.

IV. Particularités.

1° Quand les bulles ont pour objet une grâce ou une laveur (en terme de chancellerie : si elles sont in forma gratiosa), les cordons ou lacs par lesquels est suspendu le sceau bullaire sont de soie rouge ou jaune, ou bien mi-partie de l’une et l’autre de ces deux couleurs. Ces cordelettes sont simplement de chanvre, quand les bulles renferment des dispositions judiciaires, ou des ordres exécutoires, c’est-à-dire quand elles sont in forma rigorosa, ou in foro contentioso. Au xiiie siècle, les attaches de soie se mettaient aux lettres délivrées aux parties intéressées et conférant des privilèges ou des droits ; celles de chanvre étaient généralement réservées aux mandements administratifs. D’ordinaire, la soie indiquait que la lettre devait perpétuellement garder sa valeur, tandis que le