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CONSTANTINOPLE (IVe CONCILE DE)


tester contre un pareil abus de pouvoir, le concile affirme que l’Église romaine et son chef ne peuvent être jugés par aucune autorité ecclésiastique, pas même par un concile œcuménique. Si, au sein d’un pareil concile, il s’élève quelque sujet de discussion où l’Eglise romaine est en cause, il ne faut pas commencer par condamner cette Eglise et son chef. Il faut demander des éclaircissements avec la déférence et le respect qui sont de mise chez des inférieurs lorsqu’ils parlent à leurs supérieurs, puis, s’en tenir à la solution donnée, xa’i teyeafai tïjv À-Juiv. Rome juge en dernier ressort. Sa primauté n’est point un vain titre ; elle implique le droit d’exiger l’obéissance même de la part des membres d’un concile œcuménique. Voilà donc une affirmation catégorique de cette supériorité du pape sur le concile, qui fut plus tard si violemment attaquée.

Les mots : yJ (Lselei^Gai, yj ùçsXsïv expriment avec une admirable concision le résultat des remontrances qu’on pourra faire à l’Église romaine. Leurs auteurs y trouveront la plupart du temps leur propre profit, à)cpeÀEÏ(76ai ; mais l’Église romaine n’est point si orgueilleuse qu’elle ne soit prête à accepter les charitables avertissements de ses sœurs, si ces avertissements sont justifiés, éoçeXcïv.

Le pape Nicolas I er, dans sa réponse au pamphlet de Michel III, avait parlé dans le même sens que ce canon : Quoniam, cum secundum canones, ubi est major auctoritas, judicium inferiorum sit deferendum, ad dissolvendum scilicet vel ad ruborandum : patet profecto sedis apostolicec, cujus auctoritate major non est, judicium a nemine fore relraclandum, neque cuiquam licet de ejus judicare judicio… Non negamus ejusdem sedis sententiain posse in melius commutari, cum aut sibi subreptum aliquid fuerit, aut ipsa pro consideratione setatum vel temporum seu gravium necessitatum dispensatorie quiddant ordinare decreverit. P. L., t. cxix, col. 951.

Ce n’est pas seulement dans ce canon que la primauté romaine fut aflirmée par le VIIIe concile. La profession de foi que lesévêques orientaux durent souscrire est encore plus explicite sur ce point. Nous avons déjà dit qu’elle est rédigée sur le modèle du formulaire envoyé par le pape Hormisdas aux Orientaux en 519. En voici les passages les plus importants : …Quia non potest Domini nostri Jesu Christi prsetermitli sententia dicentis : Tu es Petrus, etc., hsec quae dicta sunt, rerum probantur effectibus, quia in sede aposlolica immaculata est semper servata religio… Quoniam sicut prsediximus, sequentes in omnibus apostolicam sedeni, et observantes ejus omnia conslituta, speramus ut in una communione, quam sedes apostolica prœdicat, esse mereamur, in qua est intégra et vera christianse religionis solidilas. Mansi, t.xvi, col. 27, 28. Cette solennelle affirmation de l’infaillibilité du siège apostolique permet de comprendre dans quel sens on entendait à Rome la condamnation du pape Honorius, condamnation renouvelée dans l’ôpoç du VIIIe concile.

Le canon 2e confirme ce que la profession de foi expliquait très clairement. Toutes les décisions synodales des papes Nicolas et Adrien au sujet d’Ignace et de Photius sont reçues par le concile. Le pape Nicolas est appelé organe du Saint-Esprit, opyavov toj àyt’ou Ilvrj(j.axo ;. Il est représenté comme le supérieur auquel tous doivent obéissance : Obedile prsepositis vestris et subjacete illis… Paulus, magnus aposloius prwcipit. Mansi, t. xvi, col. 160, 400.

Le titre de pontifex, papa universalis, est constamment donné à l’évêque de Rome au cours des sessions. Ses légats signent : usque ad voluntatem Hadriam summi ponti/icis et universalis papse. Ignace au contraire ne prend pas le titre de patriarche œcuménique ; il se nomme simplement episcopus Constanlinopoleos

novsc Romæ. Mansi. t. xvi, col. 190. Lui-même avait fait l’éloge de la primauté du pape, dans la lettre qu’il lui écrivit pour lui demander la convocation du concile : t S il y a dans le monde quantité- de médecins pour rir les différentes maladies corporelles des hommes, notre Sauveur Jésus-Christ n’a établi qu’un seul médecin suprême dans son Église, pour pourvoir à la § rison et au salut de ses membres : cet unique et souverain médecin est Votre Sainteté. C’est pour cela qu’il a dit au prince des apôtres : Tu es Pierre, etc. Et il n’a pas adressé ces paroles au seul saint Pierre ; il a parlé en sa personne à tousses successeurs, qui sont les pontifes romains, les souverains pasteurs de l’Église. Ce sont eux qui dans les premiers temps et dans la suite des siècles, comme vrais héritiers de sa foi et de son zèle, se sont toujours appliques à extirper l’hérésie et les vices dont on a voulu infecter l’Église. » Mansi. t. xvi, col 47-48, 324. L’empereur Basile reconnut, lui au^i. à plusieurs reprises cette primauté et notamment lorsqu’il rendit aux légats les formulaires qu’on leur avait enlevés : Ego ut magislram ecclesiasticorum m’gotiorum sedem apostolicam adii. Mansi, t. xvi, col. 29.

Tous ces témoignages montrent que la croyance à la primauté romaine était profondément ancrée dans les esprits en Orient en plein IXe siècle. Si par ambition ou pour des motifs politiques, on cherchait à diminuer les conséquences pratiques de cette primauté, on reconnaissait cependant que Jésus-Christ avait établi saint Pierre chef de l’Église universelle, et que saint Pierie continuait à vivre dans ses successeurs.

V. Principaux canons dog.matiqi.es, texte et commentaire. — 1° Canon 3 e. Texte latin et texte grec. Mansi, t. xvi, col. 161, 400.

Sacram imaginem Domini Nostri Jesu Christi et omnium liberatoris et salvatoris, aequo honore cum libro sanctorum Evangeliorum adorari decernimus. Sicutenimper syllabarum eloquia, quae in libro feruntur, salutem consequemur omncs, ita per colorum imaginariam operationem et sapientes et idiotae cuncti ex eo, quod in promptu est, perfruuntur utilitate ; quae enim in syllabis sermo, hæc et scriptura, quos in coloribus est, pnedicat et commendat ; et dignum est, ut secundum congruentiam rationis et antiquissimam traditionem propter honorem, quia ad principalia ipsa referuntur, etiam derivative iconas honorentur et adorentur aeque ut sanctorum sacer Evangeliorum liber atque typus pretiosae crucis. Si quis ergo non adorât iconam Salvatoris Christi, non vidcat formam ejus, quando veniet in gloria paterna gloiïiicarietglorificaresanctossuos ; sed alienus sit a communione ipsius et claritate : similiter autem et imaginem intemerake matris ejus et Dei genitricis Marias ; insuper et iconas sanctorum anyclorum depingimus quemadmodum eos figurât verbis divlna Scriptura ; sed et laudabiïissimoimn apostoluium.

Nous ordonnons que l’image sacrée de Notre - Seigneur Jésus-Christ, rédempteur et sauveur de tous les hommes, soit honorée à l’égal du livre des saints Évangiles, car de même que la doctrine exprimée par les mots de ce livre nous conduit tous au salut, de même les représentations en couleurs nous procurent à tous, savants et ignorants, des avantages faciles. Ce que le livre nous dit par les mots, l’image nous l’annonce et nous le rend présent par les couleurs ; et il est convenable, comme l’enseignent la raison et une tradition très ancienne, d’honorer et de vénérer les images comme on vénère le livre des saints Évangiles ainsi que la figure de la croix précieuse, parce que cet honneur n’est que participé et se réfère au prototype. Si donc quelqu’un ne vénère pas l’image du Christ, notre Sauveur, qu’il soit privé de ir i-a beau-’brsquil viendra dans la gloire de son Père, i tre glorifié et glorilier ses saints ; qu’il soit exclu de sa société et de son triomphe. Nous disons la morne chose de ceux qui ne vénèrent pas l’image de la Theotocos immaculé, sa mère. Nous peignons également des imagos des