Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 4.2.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
1751
1752
DONS DU SAINT-ESPRIT


repos de l’esprit. Il fait remarquer aussi, très à propos que, malgré l’absence de l’une des caractéristiques traditionnelle^ ce n’est pas sans raison qu’il y a sepl membres, d’après l’hébreu, dans l’énumération des dons messianiques. C’est l’indication non équivoque et voulue de la plénitude de l’esprit. A rencontre du D r Bickell, de M. Duhin et de M. Cheyne, suivisdepuis par le P. Condamin, Le livre d’J saie, Paris, 1905, p. 90, M. Touzard pense en conséquence que l’inutilité du septième attribut, répétition du sixième, ne doit pas le faire exclure, comme glose interpolée, du texte primitif, et il cherche à en justifier la présence. Quoi qu’il en soit, c’est à la traduction des Septante et à la Vulgate que l’on doit l’introduction d’eÙTeêei’a, pietas, d’ailleurs quelque peu synonyme de crainte de Dieu, à la sixième place, et du irvsûfj. » p6"ou ®eoC à la septième, particularité qui, selon notre auteur, devait fatalement amener les lecteurs qui ignoraient l’hébreu à distinguer sept dons. Il y aurait donc eu erreur de fait, bien qu’en soi, le chiffre sept demeure acquis. Allant plus loin dans cette voie, le P. Knabenhauer n’admet pas que l’on affirme absolument avec dom Calmet que dans le texte hébreu il n’y a que six dons d’énumérés. Il se hase sur l’amplitude du concept de crainte de Dieu dans l’Ancien Testament, lequel s’entend de la religion, du culte, de la piété, et, de cette remarque jointe à la certitude, admise, dit-il, par les protestants (DelitLsch, Nœgelsbach, Bade), que le chiffre sept est voulu, il conclut que le septénaire traditionnel n’est pas destitué de fondement même dans le texte hébreu. Comment, in haiam, Paris, 1887, t. i, p. 273.

Nouveau Testament.

A lire les Pères, ce serait l’Apocalypse qui aurait influencé le plus directement la doctrine des sept dons du Saint-Esprit. Elle le doit aux divers septénaires qui y sont utilisés comme symboles. Ce sont les sepl esprils de Dieu, i, i ; v, 6 ; les sept chandeliers d’or, I, 12 ; les sept étoiles, i, 16 ; les sept flambeaux ardents, IV, 5 ; les sept sceaux, v, 1, 5 ; les sept yeux et les sept cornes de l’Agneau, v, 6. Sommes-nous en présence d’un sens spirituel réel, ou d’allégories, ou encore d’accommodations gratuites ? La question n’est pas facile à résoudre. Lioussel estime avec raison que les sept esprits et les sept anges sont plutôt en relation avec les sept anges du livre deTobie, xii, 15, et du livre d’IIénoch, xx, qu’avec les sept esprits d’Isaïe, xi, 2, 3. W. Bousset, Die Offenbarung Johannis, Gœttingue, 1896, p. 215. Voir.l. Lebreton, Les origines du dogme de la Trinité, Paris, 1910, p. 373, 507-510. Sur les autres identifications, nous ne saurions apporter de solution uniforme non plus que décisive, à ne regarder que le sens littéral du texte. Nous inclinerions pour une simple accommodation, mais certains passages des Pères que nous citerons semblent demander davantage. Il reste que l’Apocalypse a fourni d’abondantes données à la mise en évidence de la doctrine palristique des sept dons.

.Mais, comme pour l’Ancien Testament, c’est moins par quelques textes matériels, que par un ensemble de témoignages concernant l’action du Saint-Esprit sur la moralité religieuse et surnaturelle que le Nouveau Testament influence la théologie des dons. On sait l’importance que le mot Esprit de Dieu, Esprit saint, etc., a dans la langue de saint Paul, l’opposition continuelle, déjà explicite dans l’Ancien Testament, dans laquelle cet Esprit divin se trouve, selon l’apôtre, avec l’esprit du mal, par exemple, Cal., ni, 3 ; v, l(i, 17 ; I Cor., Il, 12, les effets de religion et de sanctification qu’il attribue au Saint-Esprit, par exemple, Gal., iii, 5 ; iv, 6 ; xv, 18, 22, 25 ; Eph.. i, 13, 17 ; iii, 1(5 ; IV, 30 ; v, 18 ; II Tim., i, 7, [4, etc. Parmi ces effets nous devons signaler comme offrant de nombreux contacts avec les dons du Saint-Esprit, les dons spirituels, plus tard distingués à part sous le nom de grâces gratis datte, I Cor., xii, dont certaines caractéristiques analogues à

celles des dons : sermo sapienliw, scienliiv, operalio virtutum, discrelio spiriluum, ont souvent été employées par les Pères, en concurrence avec les esprits énumérés par Isaïe, pour développer la doctrine des dons proprement dits. Dans les Actes des apôtres, nous rencontrons les effets merveilleux de conversion et de dons spirituels produits par la descente du Saint-Esprit, à la Pentecôte, et, plus tard, dans des manifestations spéciales. L’Evangile de saint Jean, à son tour, met dans une relation étroite la sanctification, la foi et l’amour de Dieu avec la demeure intime du Saint-Esprit dans les justes, par exemple, xiv, 16, 17, 26 ; xvi, 13, 14. Cf. II. II. Swete, The Holy Spirit in the New Testament, Londres, 1909, c. ii, I il ; J. Lebreton, op. cit., p. 283-288, 325 sq. Même suite de pensées dans I.loa., spécialement IV, 1-3, 6, 13. Cf. I Pet., I, 2.

L’ensemble des témoignages du Nouveau Testament manifeste qu’il a existé, dès la première apparition du christianisme, une doctrine très affirmative touchant l’influence normale, continue, efficace du Saint-Esprit sur les âmes justes, louchant le don que le Saint-Esprit leur fait de lui-même, de ses lumières, de ses secours pour la lutte contre le mal, en vue de promouvoir leur sanctification surnaturelle et d’assurer leur salut. Cf. H. D. Swete, op. cit., c. vi, The Spirit and the Personal life, p. 340 sq. Le Nouveau Testament ne nous fournit explicitement que cette donnée générale, mais on comprend qu’elle est un terrain d’éclosion tout préparé pour la doctrine plus élaborée des sept dons, qu’il suffira que l’un des premiers croyants ait l’idée de subsumer, sous le dogme de l’action de l’Esprit de Dieu pris comme majeure, le texte d’Isaïe énumérant les sept dons du Messie, pour que le développement théologique se déclanche de lui-même. A la rapidité avec laquelle ce développement s’est produit effectivement, on est même conduit a se demander si la fusion des deux idées n’a pas existé dès la toute première génération chrétienne ; et, dès lors, il n’y a plus qu’un pas à faire pour regarder cette doctrine, contemporaine des traditions divines apostoliques, comme faisant, au moins implicitement, partie du dépôt révélé. Ce n’est là, à la vérité, qu’une conjecture.

II. SOURCES LATÉRALES PISOYESAST DES AUTEL US

PROFANES. — 1° Parmi les documents profanes dont se sont inspirés certains Pères grecs et saint Augustin, pour développer la doctrine des dons du Saint-Esprit, il semble très probable que l’on puisse citer les idées platoniciennes sur l’inspiration divine, celles qui se manifestent par exemple dans le Mcnon. Ces idées subissent plus tard le contre-coup des idées chrétiennes, et réciproquement ; d’où la théorie de la communication directe avec Dieu, si accentuée dans les Ennéades de Plolin et dans les œuvres néoplatoniciennes en général. — Lue contribution plus certaine et plus efficace, du moins sur la théologie scolastique, esteonsli t née parle passage de la Morale à Eudènie (ou d’Eudème), où le pseudo-Aristote traite île la fortune : il est des hommes à qui tout réussit. Comment expliquer ce fait ? C’est demander, répond l’auteur de ce livre, quel est dans l’âme le principe du mouvement. C’est quelque chose de mieux que la raison, quelque chose de divin. Mor. Endem., l. VII, c. xiv, Opéra Arislotelis, édit. Didot, t. ii, p. 210, n. 17-23. Cette source avouée explicitement par saint Thomas, tant pour son concept de la grâce opérante que pour les dons, a eu une inlluence décisive sur la conception thomiste de ces deux doctrines.

Comme sources contemporaines du développemenl de la doctrine des dons dans la tradition, on peut citer les idées répandues chez certains philosophes païens. C’est Cicéron qui dit : Nemo igitur vir magnus sine aliijuo af/lalu divino unquam fuit… Que ratio poêlas, maximeque Ilomerum, impulit ut principibus lie-