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DONS DU SAINT-ESPRIT


ronm, Ulyssi, Diomedi, Agamemnoni, Achilli, cerlos deos discriminum et periculomm comités adjungeret. Oratio pro Q. Ligario. C’est Sénèque : Prope est a te Dcus, tccuni est, intus est ! lta d’ico, Lucili ; sacer intra nos spiritus sedet. An potest aliquis supra fortunam, nisi ab illo ad jutus, exsurgere ?’llle dat consilia magnifica et erecla. Epist., xli, ad Lucilium. Et ailleurs : Hac itur ad astra… Miraris hominem ad deos ire ? Deus ad liomines venit… Nulla sine Deo mens bona est. Epist., LXXIII, ad Lucilium. Mais la pensée philosophique qui a le plus profondément pénétré le développement de la doctrine des dons, c’est celle du grand contemporain de Jésus, Philon.

2° Philon le Juif (entre 20 avant Jésus-Christ et 50 après). L’idée de considérer la vertu comme un don de Dieu est familière à Philon. Cf. De temulentia. p. 258 ; De profugis, § Plus vobis panes de cselo, Opéra, Francfort, 1691, p. 470. Mais c’est surtout par le De gigantibus que ce philosophe, si lu des Pères grecs, a dû exercer une influence sur la doctrine des dons du Saint-Esprit. Cet ouvrage a pour thème le lexte connu de la Genèse, vi, 4 ; mais l’interprétation allégorique a bientôt fait de transformer, entre les mains de Philon, les géants de la Bible en ce que l’on appelle de nos jours les surhommes ou les héros. Il s’agit bien entendu de géants dans l’ordre moral. Vuici la suite des idées de ce traité’. Le point de départ de Philon, c’est cette observation psychologique dont l’origine platonicienne n’est pas douteuse, cf. le Ménon, qu’il faut être vraiment sans raison ou sans âme, i’/ryo ; r, a’l/j//j :, pour n’avoir jamais senti l’influence du Meilleur faire irruption en soi et vous pénétrer, que vous le vouliez ou non. Les scélérats eux-mêmes l’expérimentent..Mais en eux l’inspiration ne demeure pas ; elle ne fait que les traverser, le temps de leur reprocher de préférer la honte du mal aux sublimités de l’honnête. Or, c’est l’Esprit de Dieu qui opère cela, non pas ce souffle matériel qui était porté sur les eaux, Gen., i, 2 ; mais cet esprit de sagesse, d’intelligence, de science qui remplissait Beseleel, Exod., xxxi, ’6 ; xxxv, 31, et lui inspirait ses chefs-d’œuvre. C’est l’esprit de Moïse qui visitait les 70 vieillards pour les rendre meilleurs que tous, esprit très sage sans lequel il n’est pas de presbytres, selon la parole : « J’enlèverai de ton esprit et je le mettrai sur les 70 vieillards. » Mais, continue Philon, ce transfert s’est fait sans division, comme un foyer allume d’innombrables flambeaux sans ressentir en lui-même de diminution, comme la science du maître se communique à de nombreux disciples, sans que cette distribution l’amoindrisse. Or, si l’esprit personnel de Moïse, comme de toute créature, eût dû être partagé ainsi, qu’en fùt-il resté ? Il s’agit donc de l’Esprit de sagesse, qui, tout en étant immanent à l’homme, est divin, insécable, indivisible, probe, remplissant tout, utile à l’un sans détriment pour les autres, tel donc qu’à aucun esprit ne puisse manquer ni intelligence, ni science, ni sagesse. C’est pourquoi, s’il est possible à un tel Esprit de se poser sur l’âme, il ne saurait s’y reposer, uivesv |iiv ojVïtov èv’J/u-/- ?, , SiajjivE’.v 8è àSuvaTOv. Quoi d’étonnant ! toutes choses ne sont-elles pas en nous à l’état de changement perpétuel ? Ici-bas pas de possession ferme. La cause en est dans la chair et dans ses familiarités : Mon esprit ne demeurera pas éternellement dans l’homme parce qu’il est chair. Gen., VI, 3. C’est pourquoi le législateur a dit : « Homme, homme, ne t’approche pas de tes proches selon la chair. Je suis le Seigneur. » Lev., xviii, 6. Quiconque est vraiment homme, renoncera à la chair et s’appliquera à la vertu. C’est la signification de ce redoublement : homme, homme. Et ces paroles : Ego Dominus renferment aussi cette belle leçon : Les plaisirs charnels ne sont que brutales voluptés. Le bien de l’âme, au contraire,

tient de l’Esprit universel et divin qui régit toutes choses. Le Dieu qui remplit tout est tout près de nous ; si nous craignons sa sévérité inévitable, nous nous contiendrons en face du mal, afin que l’esprit de sagesse ne s’éloigne pas, mais reste en nous longtemps, comme il demeura en Moïse. Dieu lui dit : Toi, tienstoi ici avec moi. Il est, en effet, dans l’ordre que celui qui s’appuie à la règle soit droit. Regardez donc Moïse, sa tente fixée hors des camps, l’esprit en haut, commençant à adorer Dieu, entrant dans la nuée qui le dérobe, initié là aux mystères… Nous pouvons maintenant revenir à notre texte : Il y avait alors des géants sur la terre. Ce n’est pas une fable : c’est une leçon. C’est nous dire qu’autre chose sont les hommes de la terre, les hommes du ciel, et les hommes de Dieu, à savoir les voluptueux (grands de chair), les savants et les artistes (grands d’esprit), les prêtres et les prophètes (grands dans l’ordre divin). Ceux-ci sont trop grands pour être citoyens du monde, ils ont fixé leurs domiciles dans les régions de l’incorruptible et de l’incorporel. Tel Abraham qui, tant qu’il demeure en Chaldée, s’appelle Abram, l’homme sublime, le scrutateur de la nature céleste, mais reçoit un nom meilleur, quand il est devenu homme de Dieu, marchant dans la voie royale du roi unique et tout-puissant, tandis que les lils de la terre, creusant leurs puits dans cet élément immobile et sans âme, ont trahi par leurs adultères le Bien suprême, avec Nemrod le transfuge, le premier des géants.

Cette citation très longue, mais combien topique, est comme le frontispice de la théologie grecque des dons du Saint-Esprit. Elle forme la transition entre les vues du platonisme des anciens et celles du platonisme chrétien, touchant l’inspiration divine immédiate des vertus, qui constitue le surhomme divin. On y rencontre l’idée de la plénitude de l’Esprit divin se déversant sans diminution, l’idée du caractère transitoire des influences divines (différence du fjiéveiv et du o.au. îvstv capitale dans l’histoire des dons), la conception de l’Esprit de Dieu regardé comme règle immédiate de l’action vertueuse, etc. C’est un thème tout préparé pour les théologiens chrétiens platonisants.

/II. PÈRES GRECS. — Les premiers Pères apostoliques ne nous donnent sur les dons du Saint-Esprit que des indications communes, celles-là même que l’on trouve dans le Nouveau Testament. Encore ne signifient-elles quelque chose pour nous que si nous nous plaçons au point de vue de la continuité homogène des moments successifs du développement de la révélation. Il est clair que s’il fallait s’en tenir au point de vue du phénoménisme historique et admettre avec Harnack, que la notion même du Saint-Esprit oscille jusqu’au IIIe siècle entre divers concepts, force de Dieu, être personnel, identique avec le Christ préexistant ou distinct de ce Christ, don de Dieu déversé sur les croyants, fils éternel de Dieu, Dogmengeschichte, ’.V édit., p. 188, note 1, les textes qui suivent ne sauraient avoir la portée que nous leur attribuons. Pour nous, théologien catholique, nous suivons dans cet exposé le principe de « logique de croyant » qu’énonçait Newman : « On devrait logiquement interpréter l’état primitif de chaque doctrine à l’aide de la doctrine elle-même qui a été fixée en dernier lieu. » Histoire du développement de la doctrine chrétienne, Paris, 1848, p. 161 ; édit. lirémond, sur l° édition de 1878, Paris, 1905, p. 156 sq.

SaintClément(vers 96), I Cor., il, rappelle aux Corinthiens le temps où la pleine effusion du Saint-Esprit se répandait sur tous, P. G., t. i, col. 209 ; cf. xlvi, col. 304, texte où le Saint-Esprit est nommé HvEÛjj.a rfj « yipiTo ;. Le pseudo-Barnabe (vers 100) mentionne la grâce du don spirituel, ttjç ôwpeâç 7rvevp. « THtT|ç x^P’- insérée, ïy.z-j-ov, en ceux à qui il s’adresse, c. i, P. G.,