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EPHESIENS (EPITRE AUX


sa grâce, au delà de ce qui était nécessaire, dans une mesure surabondante, i. 3 h-Ha.

3 » Dieu nous a donné, avec sagesse et intelligence, la révélation du secret de sa volonté, du dessein éternel selon lequel, dans son hon plaisir, il avait projeté en lui-même de réaliser, lors de la plénitude des temps, le groupement, la réunion, sous un seul clief ou au moins en un seul centre d’unité, de toutes choses, de toutes les créatures raisonnables, célestes et terrestres, dans le Christ, sous sa sujétion et sa domination. Or, en ce Christ, centre de tout, païens et juifs convertis ont obtenu, en outre de la rédemption, une part d’héritage, le salut, y ayant été prédestinés, conformément au dessein du créateur de toutes choses et selon le plan de sa volonté, à l’honneur de sa gloire, pour que les judéochrétiens, qui avaient jadis espéré dans le Christ, contribuent à faire proclamer et exalter sa gloire. F, n lui encore, les ijaïens convertis, ayant entendu de la bouche des prédicateurs la parole de vérité de l’Évangile du salut et y ayant ajouté foi, ont été marqués du sceau de l’Esprit-Saint de la promesse. Ce sceau ne désigne ni le baptême, ni la confirmation, mais l’infusion du Saint-t-]sprit, promis par Dieu, dans l’âme du chrétien, qui en est marquée comme d’un sceau, et cet Esprit donné est, pour cette âme, les arrhes de l’héritage divin, non pas le gage, pignus, comme traduit la Vulgate. mais une part de l’héritage, une avance sur le salut éternel assuré, sur la rédemption pleine et entière, sur la libération définitive, réservée au peuple dont Dieu a fait sa propriété, et cela encore à la louange de la gloire divine, 8 6-14. Cf. H. Coppieters, La doxologie de la Mire aux Éphésicnsy dans la Revue biblique du l’"' janvier 1909, p. 74-88.

2 section. Action de grâces à Dieu pour la foi et la charité des chrétiens, et prière pour que Dieu leur fasse comprendre la grandeur de leur vocation et de la gloire qui les attend, i, 15-ii, 22. — 1° Ayant donc appris la foi et la charité de ses lecteurs, l’apôtre ne cesse d’en rendre grâces à Dieu, quand il se souvient d’eux dans ses prières, demandant que le Seigneur leur donne, non pas l’Esprit de sagesse et de révélation, qui se montrerait actif dans le maintien et le développement de la foi, E. Tobac, op. cit.. p. 230, mais plutôt un esprit de sagesse et de révélation, pour reconnaître la vérité et pénétrer le mystère de la foi, en connaissant Dieu d’une science plus parfaite, demandant aussi que le Seigneur illumine leur intelligence, afin qu’ils sachent quelle espérance est attachée à leur vocation, et quelle est la suréminente grandeur de sa puissance à l’égard des croyants, i, 15-19 a. Cette puissance s’est déploj’ée avec l’énergie de toute la vigueur de sa force, d’abord, dans la résurrection du Christ, son association au gouvernement du monde, sa domination sur toutes les puissances célestes et sur toutes les créatures, mises à ses pieds, et la donation que Dieu a faite de lui à l’Église, comme chef souverain et suprême. Ici, l’Église est entendue au sens collectif et désigne l’ensemble des Églises, constituant un tout. Or, elle est le corps du Christ, son chef. De même que, dans l’homme, la tête domine et gouverne tout le corps, ainsi le Christ ressuscité et glorifié au ciel domine et gouverne l’Église entière, qui est son corps, en tous ses membres, en leur communiquant l’influx vital. De plus, l’Église, corps du Christ, est son complément comme le corps complète la tête. Le Christ a beau remplir tout de sa plénitude, il a besoin d’un complément pour exercer son action rédeinptrice et l’Église le complète et achève son action, en étant l’organisme par lequel la grâce du chef se répand dans les membres de ce corps mystique, I, 19 6-23. Voir t.’iv, col. 2150-2151. La puissance divine a déployé ensuite l’énergie de sa force

dans les chrétiens eux-mêmes. Ils étaient morts spirituellement par leurs chutes et leurs errements, quand autrefois ils marchaient en menant le train de vie du monde corrompu, en subissant l’inlluence du prince des Jouissances de l’air, de cet esprit quicontinue à agir sur ceux qui ne croient joas à l’Évangile, et en accomplissant les volontés de la chair. Ils étaient alors, par nature, par constitution propre, par leur condition naturelle, plutôt que par naissance, enfants de colère, objets de la colère divine, comme les païens non con vertis. Mais Dieu, qui est riche en miséricorde et rempli de compassion pour les misérables, par la grande charité dont il les a aimés, alors qu’ils étaient morts, les a vivifiés tous ensemble avec le Christ, en leur rendant la vie perdue par le pcclié, car c’est par grâce qu’ils ont été sauvés ; il les a ressuscites et les a fait asseoir auprès de lui dans les cieux en h’, personne même de Jésus-Christ, dont la résurrection et le triomphe sont les garants assurés de la résurrection et de la gloire céleste des chrétiens. En agissant ainsi, son but était de montrer dans les temps futurs la richesse surabondante de sa grâce par son indulgente bonté manifestée en Jésus-Christ. En effet, c’est par la grâce de Dieu que les pécheurs sont sauvés par le moyen de la foi. Leur salut ne vient pas d’eux, ni de leurs œuvres, pour que personne n’en conçoive de l’orgueil ; c’est le don de Dieu. Le chrétien sauvé est l’ouvrage de Dieu, une nouvelle créature. Gal., vi, 15 ; II Cor., V, 17 ; il l’est en Jésus-Christ, par son union avec lui, et cet être nouveau est capable d’accomplir les bonnes œuvres, pour lesquelles Dieu avait mis d’avance en lui les dispositions nécessaires à leur accomplissement, ii, 1-10.

Les pa’iens convertis doivent donc se souvenir toujours de ce qu’ils étaient avant leur conversion : séparés du Christ, étrangers aux privilèges religieux de la nation Israélite et aux promesses de l’alliance, sans espérance du ciel et sans Dieu sur terre. Mais maintenant qu’ils sont unis au Christ Jésus, eux qui naguère étaient loin du royaume de Dieu en sont rapprochés par le sang du Christ. Le Christ lui-même est la paix, parce qu’il a fait des juifs et des pa’iens un seul peuple, ayant renversé la loi mosaïque, cette clôture qui formait un mur de séparation entre eux, ayant détruit la cause de leur inimitié ; il l’a fait en abrogeant par s ; i mort la loi qui contient des commandements formulés en préceptes, afin de créer des deux, juifs et païens. en les unissant en lui, un homme nouveau, ayant un esprit nouveau pour marcher en nouveauté de vie, par le renouvellement produit en eux, cf. Trench, Synonymes du Nouveau Testament, trad. franc., Bruxelles. 1869, p. 248-249, et afin de les réconcilier tous deux par la croix, de manière à former un seul corps qui est l’Église, pour Dieu. Il a détruit par sa croix, el pour toujours, l’inimitié des juifs et des païens, et. lorsqu’il est venu parmi les hommes, il a prêché, comme une bonne nouvelle, la paix aux uns et aux autres. Cel enseignement était fondé sur ce que tous possèdent par lui le droit d’aller à Dieu le Père librement, facilement et en toute assurance comme des fils vont à leur père, dans un seul et même esprit. Les païens convertis ne sont donc iilus des étrangers, habitant loin du royaume de Dieu, ou domiciliés dans ce royaume, sans y avoir droit de cité ; ils sont des concitoyens des saints ou des chrétiens, et des membres de la famille de Dieu, édifiés qu’ils ont été sur le fondement que forment les apôtres et les prophètes du Nouveau Testament, Jésus-Christ en personne étant pierre d’angle de l’édifice entier. Ils ne sont pas seulement des enfants dans la maison de Dieu ; lors de leur conversion, ils sont entrés dans la bâtisse de cette maison comme pierres, placées sur d’autres pierres, reposant elles-mêmes sur les apôtres et les