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prophètes, a annonce l’avènement du Christ. Liber de Spiritu Sancto, n. 3, P. G., t. xxxix, col. 1035. C’est l’Esprit-Saint qui prépare tout pour la venue du Verbe fait chair. S. Basile, Liber de Spiritu Sancto, n.39, P. G., t. XXXII, col. 140. Il remplit Jean, dès le sein de sa mère, Luc, i, 16 ; Élisabeth, i, 41, et Zacharie, 1.67, sont remplis du même Esprit et cette action du Saint-Esprit produit les mêmes merveilles que l’on admire dans les hommes de Dieu de l’ancienne loi. Zacharie parle sous l’influence du Saint-Esprit le même langage que les prophètes d’Israël tenaient à l’égard du Christ. C’est aussi l’Esprit-Saint qui descend sur Siméon, repose en lui, le pousse à se rendre au temple pour y contempler, avant sa mort prochaine, celui qu’il appelle le salut, la lumière des nations, un signe en butte à la contradiction, une pierre d’achoppement pour bien des Juifs obstinés à ne pas le reconnaître comme Dieu. Luc, ii, 25-35. L’expression rempli du Saint-Esprit, qu’on trouve plusieurs fois sous la plume de saint Luc, rappelle les expressions semblables de l’Ancien Testament. Exod., xxviii, 3 ; xxxv, 31. Swete, p. 13. Didyme y voit une preuve de la divinité du Saint-Esprit. Celui-ci remplit toutes les créatures, répand, dans le fond le plus intime de leur être, la sagesse, la science, la foi, les autres vertus. Il s’ensuit donc que sa nature n’est pas identique à la nature des êtres crées, autrement il ne pourrait pas les remplir. P. G., t. XXXIX, col. 1040. Le Christ a besoin d’un précurseur. L’Esprit-Saint le choisit dans la personne de Jean ; il lui donne la force et la sagesse pour qu’il prépare la voie de Dieu, Matth., xi, 10 ; Marc, i, 2 ; pour qu’il l’annonce comme un message céleste. Swete, p. 21.

L’Esprit-Saint se révèle dans la conception, la naissance, les premières années de la vie de Jésus, et il déploie, dans cette intervention surnaturelle, la toute-puissance de la nature divine. Il descend sur Marie, Luc, i, 35, et Marie conçoit Jésus ἐκ Πυεύματος ἁγίου. Matth., i, 18. C’est la vertu créatrice du Saint-Esprit, écrit Didyme, qui a formé le corps de Jésus dans le sein de Marie. P. G., t. xxxix, col. 1060. Ce qui est formé en Marie, dit l’ange du Seigneur à Joseph, est l’ouvrage du Saint-Esprit. Matth., i, 20. Dans l’Ancien Testament, Sara, qui n’était plus en âge de concevoir, en reçut la vertu par sa foi. Heb., XI, 11. Dans le Nouveau Testament, Marie, l’humble servante du Seigneur, conçoit aussi l’être saint en vertu de la puissance surnaturelle de l’Esprit de Dieu. Luc, I, 35 ; Marc, i, 24 ; Joa., vi, 60. Swete, p. 28.

Jésus commence sa vie publique, et le Saint-Esprit le suit pas à pas dans sa carrière mortelle. Il est baptisé par saint Jean et le Saint-Esprit lui donne un témoignage éclatant de sa divinité. Les cieux s’ouvrent et il descend sous une forme corporelle, sous la forme d’une colombe, et repose sur le Fils bien-aimé du Père. Matth., iii, 16 ; Marc, i, 10 ; Luc, iii, 22 ; Joa., 1, 32. Et le précurseur, qui a été témoin de ces merveilles, déclare qu’il baptise dans l’eau, tandis que le Christ, le Fils de Dieu, baptisera dans le Saint-Esprit..Joa., i, 33. Le Saint-Esprit descend sur le Christ pour manifester au monde que le Christ possède la plénitude des grâces, Knabenbauer, Commentarius in Evangelium secundum Johannem, Paris, 1898, p. 101 ; qu’il apporte la paix au monde, id., Commentarius in Evangelium secundum Matthæum, Paris, 1802, t. I, p. 140-141 ; qu’il commence à remplir ses fonctions de pontife suprême. Et de même que la conception du Christ a été le commencement de sa carrière mortelle, aussi par le baptême qui ouvre les cieux et fait reposer sur le Christ le Saint-Esprit, nous avons, pour ainsi dire, l’inauguration officielle de l’œuvre messianique par le Saint-Esprit. Le Christ est appelé à exercer sa mission sublime de prophète, de prêtre, de roi d’Israël. Swete, p. 46. Il se prépare à racheter le genre humain, et le Saint-Esprit est encore en lui et avec lui dans cette courte période de préparation. C’est l’Esprit qui le conduit dans le désert, pour qu’il y soit tenté par le diable. Matth., vi, 1 ; Marc, I, 12 ; Luc, IV, 1. Sous l’action puissante du Saint-Esprit, après avoir confondu le tentateur, il retourne dans la Galilée, et commence à répandre la parole de Dieu, Luc, iv, 14-15, et à annoncer la justice aux nations. Matth., xii, 18. Le Saint-Esprit a été donné à Jésus sans mesure, .Joa., iii, 34 ; et le Christ est l’oint du Saint-Esprit. Act., x, 38. Il chasse les démons par l’Esprit de Dieu, Matth., xii,28 ; ou par le doigt de Dieu. Luc, xi, 20. Dans cette expression, « le doigt de Dieu » , Didyme voit une preuve de la divinité du Saint-Esprit : Digitus Dei est Spiritiis Sanctas. Si ergo conjunctus est digitus manui, et manus ei cujus manus est, et digitus sine dubio ad ejus substantiam refertur, cujus digitus est. P. G., t. xxxix, col. 1051.

C’est par le Saint-Esprit qu’en tressaillant de joie, et en bénissant le Père, Luc, x, 21, Jésus se prépare à s’offrir lui-même à Dieu comme victime sans tache, Heb., IX, 14, qu’il s’immole pour le salut du genre humain. Les textes que nous avons cités jusqu’ici nous révèlent que, dans la vie de Jésus, le Saint-Esprit intervient comme personne distincte du Père et du Fils, comme principe actif, doué d’une puissance surnaturelle et divine.

Mais l’œuvre de Jésus ne s’arrête pas à sa mort. Il laisse des continuateurs de sa mission, et cette mission est si difficile, qu’ils ne pourraient pas l’aborder et la conduire à bonne fin sans l’aide, l’assistance et la force de Dieu. Le rôle de continuer sur la terre l’œuvre de Jésus-Christ est attribué à l’assistance du Saint-Esprit qui est l’esprit du Christ, parce que, dit saint Basile, il a, avec le Christ, identité de nature. Liber de Spiritu Sancto, n. 46, P. G., t. xxxii, col. 152. Jésus promet à ses apôtres de leur envoyer son esprit ; il prie pour que cet Esprit de vérité demeure toujours avec eux. Joa., xiv. 16. Il leur déclare qu’il est bon qu’il s’en aille, parce que, s’il ne s’en va pas, le consolateur ne viendra pas en eux ; s’il s’en va, il l’enverra., Joa., xvi, 7 ; xxiv, 49. Il leur recommande de ne pas s’éloigner de Jérusalem, mais d’attendre l’Esprit que le Père leur a promis. Act., i, 4. Il souffle sur eux et les apôtres reçoivent le Saint-Esprit, Joa., XX, 22, qui est l’organe de la révélation divine, parce que c’est par lui que Dieu a révélé ses vérités. I Cor., II, 10.

Dans l’œuvre de la rédemption, le Saint-Esprit est chargé d’ouvrir aux hommes les trésors de la grâce divine, d’aguerrir la milice du Christ, pour qu’elle établisse le royaume de Dieu sur la terre. L’Esprit-Saint est appelé à guider les apôtres dans toute la vérité. Il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu et annoncera les choses à venir. Joa. xvi, 13. Il leur enseignera toutes choses et leur rappellera tous les enseignements de Jésus. Joa., XIV, 20. Il glorifiera le Fils de Dieu, parce qu’il recevra de ce qui est à lui, et il l’annoncera. Joa., XVI, 7, 8. Il annoncera la vérité de Dieu, et en même temps, il convaincra le monde au sujet du péché, de la justice et du jugement. Et les apôtres, sous l’influence de cet esprit de Dieu, n’auront plus rien à craindre de la part des hommes. Ils rendront témoignage à Jésus, même devant les gentils. Si on les livre, ce n’est pas eux mêmes qui parleront, mais l’Esprit du Père qui parlera par leur bouche. Matth., X, 19-20 ; Marc, xiii. 1 1. Si donc l’Esprit du Père parle par les apôtres et enseigne la sagesse, c’est-à-dire le Verbe de Dieu, l’Esprit-Saint possède la même nature que le Père et le Fils : Si ergo Spiritus Patris loquitur