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ESTHER (LIVRE D"


iung in dax A. Testament, Berlin, 18f19, p. 398 ; Reuss, Geschiclite des A. T., Leipzig, p. 58-1 sq., et dans Schenkel, Hibellexicnn, t. ii, p. 199 sq. ; Bleek-Wellhausen, Einlcilimij in das A. T., Berlin, 1893, p. 299 sq. ; Drier, Iiilrudiiclion lo the lilcratiire o/ the OU Test., Edimbourg, 1897, p. 182 sq. ; Nœldeke, Histoire littéraire de l’Ancien Testament, trad. Derenbourg et Soury, Paris, 1873. p. 121 sq. ; Zunz, dans Zeilschri/l der deiitschen morgenlândischen Gescllschafl, t. xxvii, p. 684 sq. ; Grætz, dans Monalsschrilt /iir Geschichle und’Wissenscliafl des Jiidenthums, 1886, p. 425 sq., 473 sq., 521 sq. ; de Lagardo, Purini, Gœltingiic, 1887 ; Zimniern, dans Zeilschrijt jiir alitestum. M’issenschajt, 1901, p. 157 sq., et dans Schradcr, Die Keilinschrijten und das Alte Testament, Berlin, 1903, p. 514 sq. ;.lensen, dans WildehoeT, Die (iinf Megillot, Tubingue, Fribourg-en-Brisgau et Leipzig, 1898 (lettre à Tauleur, novembre 1896), p. 173 sq. ; Jeremias, Das Alte Testament im Lichte des Allen Orients, Leipzig, 1906, p. 551 (simple renvoi au suivant) ; Winckler, AUorientalische Forschungen, Leipzig, 1902, 3’" série, t. i, p. 1 sq. ; Meissner, dans’/.eUschriji der dciitscli. morgenlànd. Gesellsctia/t, 1896, p. 296 sq. ; Erbl, Die Piirimsagc. Berlin, 1900 ; cf. Rcuss, op. ci/., p. 580 ; Ue Goeje, dans De Gids, < Le guide, septembre 1880, article reproduit dans’Encijclopœdia britannica, 1888, t. xxiii (Thoii.’iand and one nighls) ; et. Beuiie bihliqnc, Paris, 1909, p. 7 sq, ; P. Haupt, Ptirim, Leipzig, 1900 (contient dans les Notes une bibliographie complète de la question).

II. nnFUTArios de la thèse critique de la.ox-BiSTORiririi PU LIVRE d’estijer. — 1° Eli égard aux prétendues invraisemblances et impossibilités du récit.

— 1. L’idée d’un festin qui aurait duré une demiannée est née d’une fausse interprétation d’Esth., i, 3-10. Le seul festin que donna Xerxès (Assuérus) fut d’une durée de sept jours, sans plus, ꝟ. 5. Le v. 3, où l’auteur annonce le festin, se réfère de lui-même auꝟ. 5, où le festin se donne. Leꝟ. 4 se rapporte uniquement au déploiement de magnificence dont le monarque crut bon d’éblouir ses satrapes arrivant successivement, 180 jours durant, des extrémités les plus éloignées de l’empire, préliminairement au festin qui réunit tout le monde : « princes et serviteurs » (V. 3) ; « grands et petits » (v..'>). — 2. Le refus de Waslhi a son pendant dans Hérodote, i, 8-12, où le roi de Lydie, Candaule, ne réussit pas davantage à laisser voir à son hôte Gygès la beauté de sa femme. — 3. La même opposition qui se remarque entre les deux façons d’agir dvssuérus envers son conseil, dans Esth., I, 13 ; III, 13, se rencontre aussi dans Hérodote, iii, 31, au sujet de Cambyse. Les rois perses jouissaient d’un pouvoir absolu que ne contredit nullement la coutume où ils étaient de consulter les sages, occasionnellement et pour la forme. CL Spiegel, Eranische Allertiwmskunde, t. ii, p. 326. — 4. Les mots « qui avait été emmené de Jérusalem parmi les captifs déportés avec Jéchonias, roi de Juda, par Nabucho<lonosor, » se rapportent, non à iMardocliée, mais à Kisch, bisaïeul de celui-ci ; et cette interprétation du texte n’a rien de forcé. — 5. Les liens de parenté qui unissaient Esthcr à Mardochée étaient sans doute connus du roi et des gens de la cour (Estli., ir, 8, 11, 22 ; IV, 4-5), et c’est bien eu égard à Esthcr que Mardochée put occuper au palais une situation qui le nùt à même de communiquer avec elle et de découvrirla conspiration(ii, 11-12 ; cf. LXX, ii, 17, 19sq.) ; mais que le roi ait ignoré d’abord (ii, 10. 20 ; iii, 4) leur nationalité n’a rien d’invraisemblable, ni par rapport à Esthcr, qui ne fut qu’une femme légitime de second rang, comme il y en avait beaucoup, même d’étrangères, dans toutes les cours royales (voir plus loin) ; ni par rapport à Mardochée, qui n’eut alTaire d’abord qu’à Esthcr au palais. — 6. L’inaccessibilité d’Assuérus, qui ne se comprendrait pas, en effet, visà-vis d’une reine de premier rang, s’explique d’une reine de rang inférieur, comme était Esther. Hérodote, m, 68 sq., nous rapporte de l’hédyme, femme légitime du faux Smerdis, que cette reine, après plusieurs

mois de séjour dans le harem royal, n’avait pas encore vu le visage de son mari. Cf. aussi Hérodote, i, 99 ; iii, 18, 140. Estlier, enfin, pouvait bien douter de son empire sur le cœur d’Assuérus (Xerxès), vu que cinq années s’étaient écoulées déjà depuis son entrée à la cour, II, 15, au moment où Aman fomentait le massacre des Juifs, iii, 7-12. — 7. Le caractère d’Assuérus, bien compris, d’une part et, de l’autre, l’état réel, ethnographique et politique, de l’ancien empire perse rendent raison des agissements cruels d’Aman et du monarque vis-à-vis de tout un peuple dispersé dans cet empire. — a) Quoi d’étonnant à ce qu’un prince faible, entêté, présomptueux, lâche, jouet de ses femmes et de ses favoris, cruel à ses proches, inhumain envers ses amis et dévoués serviteurs, tel enfin que l’histoire nous dépeint Xerxès (Hérodote, viii, 35, 38-39, 101-104, 114, 118, 209-231, 238 ; ix, 111-113), ait accordé, dans un moment d’humeur, à un grandvizir (ministre auquel de plus courageux que lui ne savaient résister, Hérodote, iii, 120) et sous le sceau d’une promesse irréfragable, l’autorisation d’exterminer tous les Juifs établis dans l’empire ? — b) Le ministre, du rcste, sut dépeindre à son maître, sous des couleurs propres à exciter la jalousie et la cruauté de celui-ci, le peuple condamné. Aman représente les Juifs comme une horde disséminée dans tout le royaume, gens faisant bande à part, rebelles aux usages de la nation et aux ordres du roi, iii, 8. Or, à cette époque, nous le savons par les auteurs anciens (cf. Hérodote, i, 125 ; Xénophon, Cijropédie, i, 2, 5), des bandes de nomades parcouraient l’empire, pillant et ravageant, tirant même un tribut sur le Grand Roi. Et nous savons aussi quels étaient l’intolérance et le fanatisme de Xerxès relativement aux religions étrangères à la sienne. Strabon, vii, 38 ; xiv ; xvi,

I, 5 ; Arrien, iii, 16 ; vii, 17 ; Diodore de Sicile, i, 58, 4 ;

II, 9 ; XVII, 112 ; Hérodote, i, 183, 187 ; iii, 16, etc. ; II, 110 ; VI, 101 ; viii, 33, 53 ; Xénophon, C’vrop., iv, 5, 17 ; viii, 5, 26. — 8. L’inconstance de la faveur royale à l’égard des ministres devait inciter Aman à rendre impossible un retour du monarque perse sur sa décision. Les favoris, à la cour de Suse, payaient de leur vie de tels retours. Spiegel, op. cit., t. ii, p. 325. Voilà sans doute pourquoi Aman se hâte de faire promulguer l’édit onze mois avant son exécution. Et que pouvaient faire les Juifs, que se lamenter, prier et attendre ? Ils ne pouvaient que succomber, quels que pussent être leurs moyens de résistance, n’ayant lias la faveur des gouverneurs royaux ; ils ne pouvaient sortir du territoire de l’empire sans abandonner leurs biens nécessaires à leur existence et sans tomber aux mains de peuples plus barbares encore que les Perses. — 9. Les.luifs, « dispersés » dans l’empire, étaient loinïde n’être qu’une poignée d’immigrants. I^cs rois assyriens et clialdéens les avaient transportés pour coloniser les parties de leur empire dépeuplées par les guerres, ou sans population productive. Ces colons possédaient des localités entières. Cf. Esd., ii ; Xeh., VII. Ils curent à se défendre contre leurs ennemis immédiats, contre les populations à eux hostiles qui les entouraient, et contre elles seulement, non contre tout l’empire. Le nombre de leurs victimes (75 000) n’a rien d’excessif, étant donnée l’immense étendue des contrées où ils étaient établis. Il n’est point dit au livre d’Esther que nul d’entre eux ne succomba dans la lutte ; ix, 10, insinue plutôt le contraire en rapportant qu’ils furent atla{jués et durent « défendre leur vie » .

2° Eu égard au.T difficultés historiques soulevées par le ri’rit. — 1. L’objection tirée du silence des auteurs anciens sur les événements rapportés au livre d’Esther n’a de force qu’autant que ces auteurs nous renseigneraient abondannnent sur l’époque où ces événc-