Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 5.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

101

ENFER (SYNTHÈSE DE L’ENSEIGNEMENT THÉOLOGIQUE ;

102

Diacre. La dernière tentative en faveur de l’aullienticité du salut de Trajan, par Ciaconio, fut magistralement réfutée par Bellarmin, loc. cit. Aujourd’hui, aucun doute n’est possible. Cf. Bardenhewer, Les Pères de l’Église, Paris, 1905, t. iii, p. 90.

Quant à la seconde série de faits : résurrections d’enfants ou de pécheurs, il est impossible d’en faire ici la critique détaillée ; il semble que plusieurs sont certainement authentiques : tliéologiquement, aucune raison ne s’y oppose. La thèse de l’universalité de l’enfer pour tous les hommes morts en état de péché est la loi générale que n’infirmeraient pas des exceptions très rares et souverainement miraculeuses.’V. Le LIEU DE l’exfeiî. — Être dans le lieu n’a]ipartient directement qu’à la quantité corporelle. Les substances spirituelles cependant peuvent avoir un certain contact avec cette quantité, et ainsi par elle se trouver en quelque manière dans le lieu. Les démons et les damnés, avant la résurrection, peuvent donc être dans l’enfer comme dans un lieu.

L’enfer est un lieu déterminé.

C’est certissinui

Ecclesiæ doctrina, dit’MazzeWa, De Deo créante, p. 886 : de foi catholique, dit Suarez, De angelis, 1.’VIII. c. XVI, n. 2, p. 1054.

1. Le fondement de cette affirmation se trouve dans l’Écriture. Il n’y a pas de doute que pour celle-ci le se’ôl en général était un lieu spécial. Cf. Num., XVI, 31 ; Job, X, 21, 22, et souvent ailleurs ; Ps. xlviii, 18-20 ; Liv, 16 ; lxii, 10, etc. Or si le seôl est un lieu, <t fortiori la géhenne, celle-ci étant d’ailleurs comme localisée au fond du ^e’ôI. Ezech., xxvi, 26 ; Is., v, 14 ; xiv, 15 ; XXIV, 21, 22 ; Ps. xlviii, 15. Dans le Nouveau Testament, il suffit de mentionner IMatth., xiii, 42, 50 ; Luc, viii, 31 ; xvi, 19, 31 ; Act., i, 25 ; Phil., II, 10 ; II Pet., Il, 4 ; Apoc, ix, 11 ; xx, 1 ; v, 3, etc. On peut citer aussi tous les textes qui envoient au feu matériel, donc, occupant un lieu.

2. La tradition catholique est unanime. Il suffit de citer saint Augustin, Relract., II, 24 ; saint Jean (^iirysostome, //onn’/., xlix, l, adpopul. ; saint Cyrille d’Alexandrie, In Is., 1. I, c. v ; saint Grégoire le Grand, Dial., 1. W, c. xLiii.Le consentement des tliéologiens, la croyance ferme des fidèles et de toute l’Église sont manifestes. Cf. Bellarmin, De Christn, I. IN, c. viii s((. ; De purgatorio, 1. 1 1, c. vi.

3. La raison naturelle n’a rien à dire ici, car, comme le remarque Suarez, loc. cit., n. 10, p. 1057, cette localisation des supplices des damnés ne dépend que (hla libre volonté de Dieu. liy accpen(hmt des raisons de convenance. Celles de saint Thomas, Sum. tlieol., [Il « SuppL, q. Lxi.x, a. l, sont innuencées par la physique ancienne des lieux naturels, ou proportionnellement convenables. Celles de Suarez, loc. cit., sont basées sur sa théorie de la création des anges intra mundum, c’est-à-dire sur sa théorie tie la présence essentielle des anges en quelque lieu, l’nc raison plus solide sera tirée de la convenance de la punition par le feu corporel qui évidemment est localisé qiielquc part.

Et c’est ici un point où la révélation complèle la raison. Celle-ci admet des su|)|)Iires pour les niécliants, celle-là ajoute qu’ils seront infligés en un lieu spécial avec du feu horrible : cela frappe davantage les hommes : raison de convenance jiour nous.

Ce lieu est unique et identique pour tous les damnés : cela semble tout naturel ; c’est la pensée tradition nelle fondée sur la façon de parler de la révélation écrite : une géhenne de feu où les impies sont jirécii )ités comme liés en gerbe. l’enfer, la géhenne, le lac de feu, l’abîme, la prison éternelle, etc.

Voir plus haut, col. 90, les opinions contraires à elle doctrine du lieu spécial et déterminé de l’enfer.

2° Où est l’enfer ? — Ici, il n’y a plus rien de certain, mais une succession d’hypothèses plus ou moins fondées. Voir une liste dans Suarez, loc. cit., n. 14, p. 1058, et elle n’est pas complète.

L’enfer a été mis de l’autre côté de la terre par quelques anciens ; dans la vallée de Josaphat ou la gehinnom ; en dehors de notre monde (S. Chrysostome. In Epist. ad Ront., homil. xxxi, P. G., t. lx, col. 674) ; dans l’air ténébreux (S. Grégoire de Nyssc, De anima et resurrectione, P. G., t. xlvi, col. 67) ; au troisième ciel, en face du paradis (Secrets d’Hénoch, voir col. 42) ; dans le soleil (Swinden, théologien anglais, f 1740) : pour d’autres, il est dans la lune, dans Mars, à l’extrême limite inférieure de l’univers (Wiest, Inst. theol., 1789. t. vi, p. 869). Cf. V. Patuzzi, De sedc infcrni in terris qnserenda, Venise, 1763 CcontreSwinden ) ; J. Gretser, De subterrcmeis animarum reccptnculis, Ingolstadt, 1595.

Mais en définitive ce sont opinions particulières, bien que non condamnées. Saint Augustin disait eu effet. De civitateDei, l.XX, c. xvi, P.L., t. xli, col. 682 : in qiiie mundi vel rerum parte futiirus sit, liominmn scire arbitrer nemincm, nisi forte cui spirilus oslendil. Saint Chrysostome dit aussi : Ne igitur quæranuis ubisitsed quomodo eam effugiamus. In Epist ad Rom., hoinil. XXXI, n. 5, P. G., t. lx, col. 674. Enfin saint Grégoire le Grand : Hac de rc temeredeflnire non audeo. Dial., . IV, c. xlii. On voit siWiggcrs avait raison de dire que l’enfer au centre de la terre est de foi. Cf. Dens, De noinssimis. dans Migne, Tlieol. cursus, t. vii, col. 1594. Petau lui-même semble exagérer quand il dit : communis, et ut apparct certissima, loc. cit., c. v, n. 7 ; de même Suarez, Zoc. c ; /., n. 17.

L’opinion à peu jirès commune a toujours été cependant ((ue l’enfer est à l’intérieur de la terre. La façon de parler des saintes Écritures lui est clairement favorable. Pour la tradition nous citerons seulement TertuUien, De anima, c. v ; saint Irénée, Cont. hær., V, xxxi ; saint Ilippolyte, Adv. Grœcos, 1 ; saint Augustin, après avoir fait des difficultés. In Gen., 1. XI 1, c. xxxiii, xxxiv, se rétracte ainsi, Relract., 1. II, c. xxiv, n. 2 : magis milii videor docere debnisse quod sub terris sint (inferi) quani rationem reddere cur sub terris esse credantur siue dicantur quasi non ita sint. Saint.lérôme à phisieurs reprises l’affirme sans hésitation, par exemplc. In Epist. ad Epli., iv, 9. Saint Grégoire le Grand traite la question e.v professa, Dial., 1. IV, c. xiii, xlix ; cf. I. XV, c. XVII, etc., et conclut à la plus grande probabilité de l’opinion commune. De même, S. Isidore de Séville, Orig., I. XV, c. ix ; Hugues de Saint-Victor, De sacram. fidei, I. ii, part. XVI, c. iv ; S. Thomas, lll^Supplem., q. xc.vii. a. 7 ; Suarez, /oc. ci’/., n. 17 sq., ]). 1059 ; De purgatorio, disp.’S.hV, Opéra, t. xxii, p. 879-902. Les raisons de convenance indiquées par ces auteurs sont les suivantes. D’abord, rien ne s’y ojipose : l’espace, le feu, etc., peuvent se trouver à l’intérieur de la terre. Le mot enfer et la croyance universelle qu’il inclut indiquent un lieu souterrain. Analogie avec les désirs charnels, terrestres des pécheurs..Xnalogle de la prison ténébreuse avec l’état de désespoir et de méchanceté des damnés, etc.

3° Comment les damnes sont-ils cnfcrmesdans l’enfer ?

— Pour les corps des hommes damnés, après la résurrection, il n’y a pas de difficulté.

Pour les âmes et les démons, ils sont en enfer de la façon dont les substances spirituelles sont en un lieu : et là-dessus les théologiens ne s’accordent pas. Voir Anoélolooie. t. I, col. 1231 sq. ; Feu de l’enfer. Les damnés peuvent-ils quitter ce lieu infernal ? Les démons, oui. Voir Di^ ; mons, t. iv, col. 404. Pour les hommes et la question des revenants d’enfer, voir dans ArrviinioNs, t. i, col. 1688 l(192, les principes