Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.2.djvu/251

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française, Les fondements de la foi, Tournai, 1859. On y rencontre, exposées avec soin, les idées qui ont provoqué la conversion de l’auteur. La vérité religieuse doit être définie et certaine. Aucune doctrine n’offre ces caractères, si ce n’est « la doctrine Intégrale, gravée, non par la main de l’homme, mais par l’Es prit de Dieu, dans la raison illuminée de rivalise, et venue jusqu'à nous, parfaite et entière ». Fondements de In foi, p. 2 !  !. Il n’y a qu’un témoin autorisé de la Tradition, qui est l'Église : l'Écriture, interprétée par le fidèle, est insuffisante ! elle n’a de valeur qu’exposée par l'Église, par l'Église universelle, incarnée dans l'Église de Home. L'Église est un témoin divin et infaillible ; et c’est parce qu’il s’est trouvé dans l'Église anglicane des théologiens qui se sont appuyés « sur la règle de Vincent de Lérins, c’est-à-dire sur ce qui fut cru de tout temps, en tous lieux, par tous les hommes, …qu’ils ont pu entretenir l’illusion que cette Église faisait encore partie réellement du grand empire catholique, reposant sur l’unité et l’infaillibilité de l'Église de Dieu… illusion qui eut un effet providentiel… mettre obstacle à la licence protestante, remener les hommes à l’autorité et leur mettre entre les mains un moyen d'épreuve. » Fond, de la foi, p. 65-67. L'Église universelle a seule autorité pour décider du vrai sens de la vérité révélée, pour terminer les controverses doctrinales. L’absence de cette autorité, le libre examen, ont pour conséquences inévitables d’obscurcir la révélation, de dissoudre l’unité de l'Église, d’enlever à l'Écriture son caractère surnaturel.

Des Fondements de la foi, il faut rapprocher une brochure publiée à la fin de sa vie, Religio vialoris, Londres 1888, petite apologie populaire, où il expose les quatre motifs de la foi : l’existence de Dieu, prouvée par la raison ; la foi en une révélation, réclamée par le sens moral et la conscience ; la présence de cette révélation dans le christianisme ; le véritable christianisme, démontré par la raison et l’histoire dans le catholicisme. La meilleure preuve du catholicisme est l'Église elle-même : elle se rend témoignage à elle-même. « Enlevez du monde l'Église catholique romaine, et il se fera un vide que l’on ne pourra plus combler. » Relig. viat., p. 76. Cette dernière idée est développée dans une autre étude apologétique de la même année, The Church, its ownwilness, dans Miscel., t. iii, p. 431 sq.

L’autorité de l'Église, ses prérogatives, son action surnaturelle s’expliquent par la présence en elle du Saint-Esprit, The temporal mission of Hohj Ghosl, Londres, 1865, traduction française par J. Gondon, La mission temporelle du Saint-Esprit, ou Raison el Révélation, Paris, 1867. Le Saint-Esprit exerce dans l'Église la mission qu’il a reçue du Père et du Fils, il complète la révélation, il est la véritable cause de l’unité de l'Église. Planning examine, sous ses différents aspects, la mission du Saint-Esprit : son action dans l'Église, les rapports de la raison et de la révélation, l'Écriture dont l’inerrance est garantie par le Saint-Esprit, et qui est interprétée infailliblement par l'Église enseignante, la transmission par l'Église de la doctrine révélée, doctrine toujours vivante. « Fixe et permanente dans tous les dogmes fondamentaux, qui expriment l’ordre éternel et immuable des vérités divines et des faits divins, la théologie dogmatique est progressive dans toutes ses opérations secondaires de définitions et de déductions. > Mission of H. G., p. 299. Le Saint-Esprit agit tout particulièrement dans le chef de l'Église. Le Christ « enrichit le pontife de grâces extraordinaires et lui procure l’assistance du Saint-Esprit, dont il est l’organe dans l'Église et dans le monde. Toutes les preuves divines et humaines, toutes les lumières naturelles

et surnaturelles qui Illustrent et éclairent la révélalion divine, qui en défendent et en conservent la Ici Inet l’esprit, se trouvent par un don spécial réunies dans le chef visible de l'Église. » Mission of II. (, .. p. 191.

L’union dus Églises.

Les idées de Manning

sur la réunion de l’anglicanisme au catholicisme sont exposées dans lùtgland and Christendom, Londres, 1867. Cet ouvrage contient, après une introduction, où il expose les principes qui le guident dans cette question, deux lettres à un anglican sur l’attitude de la couronne envers les auteurs û'Lssuys and Rcwievs et envers l’Assemblée du clergé et de la province, The Crown in Council on the Lssays and Réviews, The Convocation and (lie Crown in Council. p. 1-81 ; une lettre de 1801 à Pusey, sur l’action du Saint-Esprit dans l'Église d’Angleterre, The Workings of the Holg Spirit in the Church oj England, p. 81-137 ; el une lettre pastorale (1866 ; sur la réunion des Églises de la chrétienté, The reunion oj Christendom, p. 137-227. Le principe auquel Manning sera toujours fidèle, est qu’il ne saurait être question de pourparlers entraînant des concessions, des transactions doctrinales de la part de l'Église romaine : l'Église catholique, infaillible, ne saurait abandonner aucune parcelle de la vérité révélée : ce n’est que par l’acceptation intégrale de la doctrine romaine que l’union peut se faire. Aussi n’a-t-il aucune confiance dans les tentatives faites par les anglicans dans l’Association pour procurer la réunion des diverses parties de la chrétienté, fondée en 1864, et condamnée d’ailleurs par Rome, ni dans la démarche faite, après cette condamnation, par 198 clergymen, auprès du cardinal Patrizi. L'Église anglicane qui a tant varié depuis le xvie siècle, qui admet les opinions les plus extrêmes, ne peut prétendre être un rameau légitime de la véritable Église ; la réunion en corps est une chimère. Il ne faut pas oublier que « l'Église d’Angleterre représente seulement une moitié du peuple anglais, que l'école anglicane représente seulement une portion de l'Église d’Angleterre ; que le mouvement anglo-catholique représente seulement une section de l'école anglicane, et que le mouvement unicniste représente seulement une fraction de cette section… » The reunion of Christendom, p. 18 sq. Les tentatives faites pour mettre les « trente-neuf articles » d’accord avec le concile de Trente ont échoué ; le ritualisme met le libre examen sous la protection des cérémonies religieuses. « Je ne puis comprendre l’attitude passive de ces hommes qui sont indifférents à la négation d’articles de foi tels que la' grâce du baptême, mais qui étalent, en revanche, un zèle exa géré pour l’ornementation extérieure du culte et pour les vêtements ecclésiastiques. » Lilly, Characteristics of Manning’s wrilings, p. 241.

Le zèle des catholiques doit donc se porter sur les individus, de façon à atteindre tous les dissidents et à sauvegarder l’intégrité de la doctrine catholique. « Nous ne pouvons offrir l’unité qu'à la seule condition sous laquelle nous en sommes les possesseurs : sous la condition d’une soumission absolue, non conditionnelle, à la voix vivante et perpétuelle de l'Église de Dieu. Si cette condition est repoussée, ce n’est pas nous qui mettons obstacle à l’unité, car ce n’est pas nous qui avons imposé cette condition : celui qui l’impose, c’est l’Esprit de vérité, qui réside dans l'Église à toujours. > Lettre pastorale sur la réunion des diverses parties de la chrétienté, trad. Falcimagne, p. 23. Pour obtenir ces conversions d’anglicans à la vraie foi, Manning préconise l’exposé de la vérité ; il rejette les discussions, comme étant plus aptes à détruire qu'à édifier ; en fait de controverses, il n’admet que celles qui sont nécessaires pour défendre