Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/116

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désirer un compagnon et souvent aussi de me réjouir de ma solitude.




En quittant Wufflens, — prononce Vuflan à la manière vaudoise, — j’ai pris le chemin d’Aubonne où je couche ce soir et où je suis arrivé assez tard et par un temps lourd et sombre annonçant l’orage.

Que te dirai-je de mon trajet à travers des campagnes fraîches assurément, mais qui ne m’ont rien offert de particulier, de digne d’étude ?

Wufflens, Aubonne et les villages que j’apercevais sont dans l’intérieur des terres, sur des éminences ou au fond de ravines touffues, traversées par des ruisseaux d’une pureté à rendre jaloux le cristal de roche ; mais toujours le lac, immense réservoir qui les reçoit, apparaît par quelque échappée heureuse entre des collines, par quelque trouée de feuillage. On le perd de vue un moment, mais on ne tarde guère à le revoir, immobile ou frissonnant, calme ou agité, azuré ou gris, resplendissant ou terne comme le ciel, dont il reproduit les changeantes nuances, les teintes variées ; ainsi l’image d’une personne aimée, d’une femme surtout, se présente presque continuellement aux yeux de l’esprit, aux re-