Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/167

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contre Genève ; presque tous les seigneurs de Vaud, Gex et de la Savoie proprement dite y étaient affiliés et portaient pour insigne une cuiller d’or ; les évêques de Genève et de Lausanne, — en qualité de ministres du Dieu de paix, — fomentaient la guerre, excitaient secrètement l’iritation de ces Don Quichottes et les engageaient à se ruer sur la ville. Mais les beaux jours de la féodalité n’étaient plus, l’infernale découverte du moine Schwartz avait changé l’art des batailles, — le mousquet et la couleuvrine condamnaient la lance et la pertuisane à dormir et à se rouiller dans les salles d’armes des manoirs, pour passer de là dans les greniers poudreux.

Les chefs de cette ligue furent François de Pontverre, gentilhomme fanatique et irascible ; Michel Mangerod, baron de la Sarraz, et Henry de Cojoney, seigneur de Saint-Martin. Le 1er janvier de chaque année les membres de la confrérie se réunissaient à Nyon et passaient quelquefois plusieurs jours en fêtes. Ils faisaient des courses jusqu’aux faubourgs de Genève, détroussant les marchands et les voyageurs, ravageant la campagne, attaquant les courriers, brûlant les récoltes pour que la ville fût affamée, et commettant toutes sortes de violences et de dégats, disparaissant avec célérité quand les habitants faisaient des sorties contre eux, mais revenant bientôt en plus grand nombre insulter et provoquer ceux-ci.