Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/178

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gélique, partit précipitamment pour Genève et donna l’alarme au Résident de France, lequel prit en toute hâte le chemin de Lyon pour faire marcher des dragons contre les Vaudois, — c’était le temps affreux des dragonnades de Louis XIV, — mais ceux-ci ne purent être atteints, et cette fois leur expédition eut un plein succès.

C’est une histoire touchante, merveilleuse, héroïque, sublime que celle de ce peuple qui, soutenu par Dieu dans les plus terribles épreuves, les plus épouvantables malheurs, reste fidèle à ses croyances, à ses pures traditions, garde le souvenir de la patrie, y rentre malgré les armées nombreuses aguerries, bien armées et disciplinées de la France et de la Savoie, et qui, rétabli enfin par la force des choses dans les gorges de Lucerne, d’Angrogne et de Saint-Martin, oublie magnanimement persécutions, piéges infâmes, sanglantes boucheries, guet-apens, et défend les états de son prince menacés par l’étranger.

Rien de plus beau, de plus noble dans les annales des nations !

De nos jours d’autres bandes d’exilés ont fait une apparition sur ces rivages : je veux parler des réfugiés polonais, du général Romarino et de leur projet de révolutionner la Savoie.

Tu sais l’issue malheureuse de cette entreprise aussi imprudente que mal conçue et inopportune.