un pays moralement français. Ces montagnards fougueux se sentaient capables de disperser des processions, de pulvériser des statues de saints et de confesseurs, de tonner du haut de chaires improvisées contre les momeries d’origine païenne, mais non pas de diriger la grande stratégie religieuse.
À ces soldats il fallait un général, à ces prêtres un pontife : ils choisirent Jean Calvin, leur égal en énergie, en emportement, leur supérieur en science.
Les trois Dauphinois étaient doués du génie de la désorganisation, le Picard possédait à un degré éminent celui de l’organisation.
Les premiers, que je puis comparer à des apprentis sculpteurs, dégrossirent tant bien que mal le bloc de marbre brut, le dernier survint, cette préparatoire besogne terminée, et d’un ciseau habile le polit, le travailla, et lui donna la forme, le mouvement et l’expression, — la vie en un mot.
Farel, Saunier et Froment, — celui-ci, par son nom, semble avoir été prédestiné à former l’élément du pain évangélique, — furent donc les artisans de la Réformation, Calvin lui en fut l’artiste.
Cet érudit en matières religieuses, dont le style scholastique, prolixe et filandreux est d’une lecture si fatigante, devint le véritable chef de l’Etat ; ses inspirations dirigèrent la chose publique, il établit une sorte de