Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/289

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Les habitants devaient ne pas s’abstenir de viande le vendredi et le samedi, — par opposition an catholicisme, — éteindre leurs lumières au couvre-feu, ne pas boire pendant les offices et surtout ne pas se moquer du Saint Synode et ses décrets ; les joueurs étaient mis au carcan avec leurs cartes pendues au cou, les femmes qui portaient des frisures emprisonnées ainsi que les coiffeuses assez hardies pour leur en faire.

Il était expressément défendu de garder chez soi des images papistiques quelconques, sous peine d’amende, et, en cas de récidive, de prison et même d’exil.

Les gens qui n’assistaient pas aux sermons encouraient une amende de plusieurs florins.

On lisait à la porte des tavernes un écriteau ainsi conçu :

« Quiconque blasphèmera le nom du Seigneur, prendra Dieu à témoin et insultera sa sainte parole sera appréhendé, amené devant le magistrat, admonesté et condamné. »

Le Réformateur faisait usage des remèdes héroïques et même au besoin de la torture ; son prévôt, — Pierre l’Hermite au petit pied, — se nommait Colladon, et eut souvent occasion d’exercer ses talents de tourmenteur juré à Champel.

Calvin avait sa police secrète, sa Sainte Hermandad qui rôdait et furetait par la ville, et s’en allait le soir