De bonne heure il quitta l’Espagne, se mit à voyager et publia à Haguenau son fameux livre intitulé : De trinitatis erroribus, libri septem, per Michaelem Servetum aliàs Reves ab Arragonia Hispanum, anno MDXXXI[1].
Dans cet ouvrage, qui valut par la suite le bûcher à son auteur et eut un immense retentissement, le dogme de la trinité est qualifié de rêverie papiste, de chimère mythologique, d’idéalité métaphysique.
Servet, réduit à la mendicité, vint à Bâle, à Strasbourg, à Paris, tantôt pharmacopolisant, tantôt astronomisant, tantôt théologisant, tantôt se passionnant pour les découvertes géographiques ; à Lyon il se fit correcteur d’imprimerie, mais s’étant dégoûté bientôt, suivant sa coutume, de cette profession, il s’embarqua sur le Rhône pour Avignon où il ne séjourna guère, revint à Lyon, et peu après s’établit comme médecin dans la petite ville de Charlieu, en Forez.
Là son inconstance naturelle l’ayant repris bientôt, il se rendit aux amicales sollicitations de l’archevêque de Vienne qu’il avait connu à Paris, et alla exercer la médecine chez ce prélat où il eut le vivre et le couvert ; il se fit aimer de chacun pour son amabilité, son érudition variée et profonde et son inépuisable charité.
Il eût vécu fort heureux à Vienne sans la déman-
- ↑ Des Erreurs de la Trinité, en sept livres, par Michel Servet ou Revès d’Arragon en Espagne, 1531.