Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/386

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souterraines, d’avancer tortueusement pour arriver à la domination des consciences, à l’empire de la famille, de la société, de l’État ; le clergé agit au grand jour, il dispense l’éducation, dirige et façonne à son gré la génération qui vient, commande par la terreur à celle qui s’en va. Il est sur son terrain, et il se sent fort, inattaquable, le gouvernement et lui se soutiennent mutuellement, ils peuvent ensemble tout braver, ils brident un peuple naturellement débonnaire, endurant, pacifique, et qui pousse la longanimité, la mansuétude, jusqu’à baiser les mains qui l’ont garotté.

Les prêtres, — depuis le plus petit vicaire, le plus mince recteur campagnard, jusqu’au plus opulent prélat, — marchent la tête haute, le front superbe ; on tremble à leur approche, on les salue profondément, on se courbe jusqu’à terre, mais eux répondent par un léger mouvement de tête à ces marques de respect. — On leur doit tout et ils ne doivent rien, car ils sont les maîtres du maître.

Quelle distance de ces hommes aux pasteurs vraiment évangéliques !


Au sommet d’une montée assez rude à travers la forêt, j’ai pénétré par une porte béante de vétusté dans l’enceinte du château, les murs ne sont plus que des tas de décombres informes, irrégulièrement ébou-