Le clocher de l’église paroissiale, vu du lac, ne manque pas d’une certaine noblesse.
Par esprit national je suis allé loger à l’Hôtel de France, l’un des meilleurs d’Évian, et j’ai eu l’agréable surprise d’y trouver un de mes anciens condisciples, le baron B., de Thonon, qui est Français quoique né en Savoie, et jouit d’une pension que lui paie notre gouvernement. B. se glorifie avec raison d’être le petit-fils de l’un des officiers les plus distingués de la République et de l’Empire, du général Dessaix, que l’on appelle, — un peu hyperboliquement, sans doute, — le Bayard de la Savoie, et qui, s’il n’arriva pas à une haute fortune, le dut à sa fidélité inébranlable aux principes républicains.
Il ne faut pas confondre le militaire dont je te parle avec Desaix qui mourut à Marengo.
S’il m’était donné de passer les beaux jours loin de Paris, je choisirais une retraite agreste dans la vallée du Léman, mais ce ne serait pas sur le bord helvétique ; toute ma prédilection est acquise au littoral sarde, — abstraction faite des malheureuses institutions du pays, — car le canton de Vaud a une certaine monotonie, un certain prosaïsme d’ordre, de régularité ; tout y est arrangé, aligné, peint et blanchi, presque tout du moins. On enlève son originalité poétique à la nature, il est facile de voir qu’on est chez un peuple froid, méthodique, raisonneur, et ayant de très fausses idées sur