entreprises heureuse issue, et comme un bon père il nous a traités. Comme la plupart qui demandions la liberté ne savions ce que c’était, cuidant que ce fût que chacun pût vivre à son appétit, sans loi ni règle, il ne nous a pas donné incontinent ce que nous demandions, ni ne nous a voulu mettre hors de tutelle que nous ne fussions en âge compétent. Il ne nous a donc accordé liberté temporelle, jusqu’à ce que nous eussions reçu lumière spirituelle pour nous guider, et qu’il eût induit à venir habiter avec nous tant de sages et de gens de bien qui nous l’ont apportée. Plus heureux qu’Athènes et que Rome, qui n’eurent gens que de sens commun, et ne connurent le mieux que par expérience du mal, ce qui est fort dangereux, nous avons dès le commencement trouvé nourrices pour alimenter notre chose publique, et gens savants et experts pour discipliner notre cité. Et se faut-il taire de ceci ? Nenni ; car ce sont choses si merveilleuses que qui les entendra comme elles se sont passées sera incité de crier comme jadis Israël, quand Dieu leur pleuvoit la manne sus : Qu’est-ce ceci ? qu’est-ce ceci ? c’est bien ici le pain que l’Éternel nous a donné à manger ! »
M. Vulliemin, de Lausanne, dans sa remarquable appréciation du caractère et de la vie de Bonnivard, trace ainsi le portrait du prieur de Saint-Victor :
« ..... Mélange de foi, de scepticisme, de dévouement,