Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/478

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Genève avait-elle donc oublié celui qui souffrait pour sa cause ?

Non certes, mais jusque-là, vivant en des alarmes continuelles, agitée par les factions intérieures ou harcelée par les ennemis du dehors, elle n’avait rien pu tenter pour le prieur, ni pour trois autres Genevois qui, capturés à la suite du combat de Gingins, gémissaient aussi dans le rocher de Chillon.

Mais bientôt Berne demande à Genève de lui aider à s’emparer du château-fort : un grand enthousiasme remplit la cité, on prépare une flotille, on arme d’artillerie deux bonnes galères, on y place des balles de laine pour se garantir des projectiles ennemis, tous les hommes de résolution s’embarquent, la population couvre la rive, ses acclamations saluent le départ des libérateurs, on crie d’une seule voix avec émotion : « Allez et sauvez Bonnivard ! »

Le 28 mars Chillon est cerné, canonné, mais le gouverneur a eu soin, — à la première nouvelle de l’expédition, — d’embarquer sa femme avec quelques coffres remplis d’or, d’argent et de choses précieuses... Les Genevois n’ont qu’une crainte, celle de l’enlèvement de Bonnivard, qui peut-être sera transféré dans une autre prison de Savoie.

L’attaque a lieu avec vigueur : le gouverneur demande qu’on le laisse se retirer lui et ses gens avec