Page:Alfred de Bougy - Le Tour du Léman.djvu/513

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On cultivait autrefois l’olivier à Saint-Saphorin (Saint-Symphorien), et le seigneur percevait la dîme des olives.

Un peu plus loin on passe sous Chexbres, assez haut perché, et l’on côtoie le vieux château épiscopal de Glérolles, bâti sur un quartier de granit qui sort de l’eau, et rappelle un peu par sa situation celle de Chillon.

Puis on marche au pied des meilleurs plants de La Vaux, ceux du Désaley, d’Épesse et de Marsens.

En 563, disent les annales de ces bords, le village d’Épesse fut déplacé par suite de grands cataclysmes géologiques résultant de l’éboulement du mont Tauretune ; il glissa doucement avec les terrains qui le supportaient sans que, — chose phénoménale ! — aucune habitation fût renversée, sans qu’aucun habitant fut blessé ou tué. En mémoire de cette glissade inouïe on institua une fête religieuse qui subsista pendant plus de neuf siècles. Aujourd’hui les terrains continuent de s’affaiser, mais insensiblement, et sans la vigilance de la population on pourrait redouter de grands malheurs.

En continuant de suivre la route j’ai atteint la petite cité de Cully, au fond d’un golfe ; on y cultive la vigne de toute antiquité, c’était le Coclium, Culiacum ou Collium des Romains, et I’on y a découvert des vestiges d’un

    taire, à la base du Mont-PèIerin ; l’eau paraît stagnante et moite, elle creuse incessamment le sol au-dessous de ses bords dont l’approche n’est pas sans dangers ; des joncs élèvent leurs aigrettes brunes et des plantes aquatiques font un vert réseau à cette nappe tranquille et peu visitée.