Page:Alfred de Vigny - Cinq-Mars, Lévy, 1863.djvu/212

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IX. Mais les sénateurs et le peuple grinçaient des dents contre eux.

X. Et, les soldats les ayant frappés, leurs têtes tombèrent ensemble sur la même pierre.

XI. Or c’est en ce lieu même que le bienheureux saint Ambroise trouva la cendre des deux martyrs, qui rendit la vue à un aveugle.

— Eh bien, dit Cinq-Mars en regardant son ami lorsqu’il eut fini, que répondez-vous à cela ?

— La volonté de Dieu soit faite ; mais nous ne devons pas la sonder.

— Ni reculer dans nos dessins pour un jeu d’enfant, reprit d’Effiat avec impatience et s’enveloppant d’un manteau jeté sur lui. Souvenez-vous des vers que nous récitions autrefois : Justam et tenacem propositi virum… ces mots de fer se sont imprimés dans ma tête. Oui, que l’univers s’écroule autour de moi, ses débris m’emporteront inébranlable.

— Ne comparons pas les pensées de l’homme à celles du ciel, et soumettons-nous, dit de Thou gravement.

Amen, dit le vieux Grandchamp, dont les yeux s’étaient remplis de larmes qu’il essuyait brusquement.

— De quoi te mêles-tu, vieux soldat ? tu pleures ! lui dit son maître.

Amen, dit à la porte de la tente une voix nasillarde.

— Parbleu, monsieur, faites plutôt cette question à l’Éminence grise qui vient chez vous, répondit le fidèle serviteur en montrant Joseph, qui s’avançait les bras croisés en saluant d’un air caressant.

— Ah ! ce sera donc lui ! murmura Cinq-Mars.

— Je viens peut-être mal à propos ? dit Joseph doucement.

— Fort à propos, peut-être, dit Henry d’Effiat en sou-