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CYBÈLE

Pour la même cause, l’Amérique et l’Afrique s’étendaient plus au sud, et l’île de Madagascar agrandie à son tour, n’était plus séparée des côtes africaines que par un bras de mer pas beaucoup plus large que n’était jadis le détroit qui isolait l’Angleterre du continent européen.

Or cette terre de Madagascar était avec les siècles devenue, elle aussi, une troisième France. La douceur de son climat et la fertilité de son sol avaient fourni un milieu propice à la colonisation plus qu’aucune autre des possessions lointaines de notre vieille patrie, et il s’était créé là à la longue un grand État devenu indépendant, mais n’ayant jamais cessé de conserver avec la métropole les plus étroites relations, et s’étant employé à son tour à étendre dans cet hémisphère d’avenir l’influence et les idées françaises. Il va sans dire que depuis bien des siècles, l’ombre sympathique du doux Bernardin de Saint-Pierre ne pleurait plus cette île de France trop longtemps prisonnière des Anglais, mais un jour enfin revenue dans le giron maternel.

Comme d’autre part l’Angleterre avait fondé dans tout le sud africain en partie spolié aux Portugais, un grand empire devenu lui aussi autonome, il se trouvait que la destinée continuait de rapprocher les deux races rivales, avec la différence que cette fois-ci c’était une France insulaire qui avoisinait une Angle-