Page:Alhaiza, Cybèle, voyage extraordinaire dans l'avenir, Georges Carré, 1904.djvu/268

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
270
CYBÈLE

s’incliner. Même en écartant ce qui est évidemment exagéré dans les récits qui nous parviennent de la Patagonie depuis quelque temps, il n’en reste pas moins de quoi admettre qu’un nouveau pas s’est accompli dans l’avancement spécifique de l’humanité. Le plus étrange là-dedans, c’est qu’en un monde aussi connu que le nôtre, aussi relationné qu’il l’est entre toutes ses régions habitées, on puisse voir apparaître subitement pour ainsi dire, une chose aussi inattendue qu’une nouvelle variété de l’espèce humaine. Je ne crois pas aux créations spontanées et je me range du côté de ceux qui font intervenir dans ce fait nouveau une œuvre de sélection. Il faut se rappeler que ce qu’on appelle en Patagonie la Vallée sainte a une histoire assez singulière : Il y a nombre de siècles que se forma en ce pays une secte religieuse d’un caractère sévère et élevé dont la règle et le but étaient la perfection, en prenant ce mot dans son acception la plus vaste. Quelques novateurs réunirent autour d’eux quantité d’hommes et de femmes de ceux et de celles que les désillusions de ce monde découragent et prédisposent à la misanthropie. Offrir à ces âmes sensibles et meurtries l’idéal d’une élévation toujours grandissante dans une existence tournée tout entière vers ce seul but, ce fut leur rendre une vie nouvelle. Un monastère se fonda dans une haute vallée écartée