Page:Allais - À l’œil.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

notre plus vive admiration seront peut-être un jour l’objet des railleries de nos petits-neveux ! Car, tenez-le pour certain, ce serait une folie téméraire d’assigner des limites au progrès.

La chimère d’hier est la réalité d’aujourd’hui et la vieillerie de demain.

C’est triste à constater cet incessant tourbillon qui entraîne l’humanité dans ses cycles infinis, mais qu’importe ! Comme je dis, la vie est la vie, usons-en par tous les bouts et surtout par le bon.

Et, pendant que je me livrais à cet abîme de réflexions, Saint-Malo approchait. Il approcha même de si près que le train pénétra dans la gare et que je pus descendre.

Je n’avais jamais vu Saint-Malo, et je ne le regrette pas, car, si je l’avais vu déjà, j’aurais été moins frappé de son aspect que je ne le fus samedi soir en l’apercevant pour la première fois.

Les géologues, qui sont parfois d’adorables poètes sans s’en douter, ont dit que Saint-Malo est bâti sur un terrain granitique. Rien de plus vrai et de plus délicieux.

Du granit par-ci, du granit par-là, du granit partout. Ah ! pour un terrain granitique, on peut dire que c’est un terrain granitique ! Je ne suis plus jeune. Mais, en fouillant au plus creux