Page:Allais - À l’œil.djvu/122

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ce que c’est que le mont Saint-Michel. Vous le savez aussi bien que moi.

Au loin, vu de l’impériale de la voiture, ça fait un très bel effet, mais, vous l’avouerai-je ? j’ai éprouvé une grande déception. Je croyais que c’était plus pointu que ça.

C’est joli, mais ce n’est pas assez pointu.

Du reste, on travaille à la restauration, et, j’en adjure MM. les architectes ; faites un peu plus pointu. Garnier vous le dira comme moi.

Ce qu’il y a de mieux au mont Saint-Michel, c’est Mme  Poulard. Vous ne connaissez pas Mme  Poulard ? Quelle charmante femme, et gentille, et aimable !

Je ne suis pas arrivé à mon âge, n’est-ce pas, sans manger de bonnes omelettes : eh bien ! les omelettes que j’ai mangées jusqu’à présent sont des saloperies inavouables auprès des omelettes de Mme  Poulard.

Ah ! ma bonne madame Poulard, comment arrivez-vous à cette perfection dans l’omelette ?

Du mont Saint-Michel, je suis revenu à Pontorson, où, emporté par mon tempérament, j’ai manqué le train. En attendant le suivant, j’ai dîné à l’hôtel de Bretagne. À la même table que moi, se trouvaient les quatre individus qui avaient fait au chef de gare de Versailles (Chantiers) la scène scandaleuse réprouvée par les