Enfin le dimanche arriva et le moment de l’élévation. J’étais si pressé d’en venir au mystérieux instant, que je levai les yeux vers la vierge avant que la sonnette de l’enfant de chœur eût complètement fini de tinter.
Sainte Christine, impassible, me désola d’abord. Mais, dès que vibrèrent les premières mesures de l’orgue, lentement, elle abaissa ses longs cils blonds et je me sentis comme enveloppé de l’infinie caresse de son regard qui m’imprégnait tout entier.
Absolument détaché de la matière, il me semblait que sur les nuages bleutés de l’encens, j’allais voleter jusque vers la sainte, et que nous allions nous envoler tous deux au ciel, au son de la divine musique des anges.
Un grand bruit de chaises remuées m’arracha à mon extase, et lourdement je retombai à terre, tout froissé du rêve inachevé.
L’élévation était finie.
Que de fois plus tard, dans ma vie amère et désespérée, n’ai-je point évoqué le sourire apaiseur de ma chère martyre ! Aux moments les plus cruels, je me plaisais à croire que, si mes yeux pouvaient rencontrer son regard, tout serait fini de mes peines.
Et pourtant, paresse ou manque d’occasion, jamais je n’étais revenu la voir.