Page:Allais - À l’œil.djvu/63

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sonneront des cloches, vibreront dans des clairons et trompettes, feront ronfler jusqu’à l’hyperbole les orgues les plus mécaniques.

D’autres hommes et même des femmes auront pour mission de pousser des exclamations enrouées et tenaces.

Au loin, dans le noir des bois, des soufflets arrachés aux tramways parisiens, ou copiés sur eux, diront leurs lamentations obstinées, cependant que des carabines de salon péteront sec en toute cette joie de l’oreille.

Et moi, moi seul, je me promènerai dans ce tumulte chéri, et j’aurai des envies de me mettre tout nu.

Telles étaient mes réflexions, lundi soir, quand je montai sur l’impériale du tramway La Villette-Place de la Nation.

Je me trouvais placé entre un jeune voyou et une petite fille d’une demi-douzaine d’années.

Le voyou appartenait à cette population flottante d’adolescents que les documentaires appellent volontiers mectons.

Le mecton se rencontre principalement sur quelques boulevards extérieurs mal hantés.

D’aucuns sont apportés, grâce au flux de la marée sociale, jusque sur le banc de la correctionnelle.