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THÉRAPEUTIQUE ET PEINTURE

— Délicieusement !… Et ce parfum m’évoque toute une enfance flâneuse, traînée sur les quais de mon vieux Honfleur natal et à jamais chéri.

— Eh bien ! c’est ma peinture qui sent ça !

— Ta peinture ! Tu fais de la peinture au goudron ?

— Parfaitement ! Le manager… Comment prononces-tu ça en anglais ?

— Le ménédjeuhr.

— C’est bien ça… Le… machin d’un hôtel de Menton, où il ne vient que des Anglais tuberculeux, m’a commandé douze panneaux décoratifs, à condition qu’ils seraient peints à base de goudron, rapport aux émanations bienfaisantes de ce produit… Une idée à lui !

— Et tu as accepté cet odieux compromis !

— Les temps sont durs, tu sais.

— À qui le dis-tu !

— Cette petite Alice, sans être coûteuse, a ses exigences. Ce matin encore, elle m’a demandé 12 fr. 50 pour des bottines.

— Bigre !

— Oh ! ça n’est rien, ça ! Mais reconnais toi-même que le goudron n’est pas beaucoup fait pour éclaircir une palette.