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L’ARROSEUR

elle s’imaginait se considérer dans son miroir d’il y a vingt ans.

« Était-ce possible !

« Comment cette adorable créature, potelée si délicieusement, avait-elle pu être une telle fille sèche et maigre ?

« Alors, mon pauvre ami, une idée me vint qui m’inonda de clartés et de joies.

« Enfin, je tenais le bonheur !

« Si la mère a ressemblé si parfaitement à la fille, dis-je, il est certain qu’un jour, la fille ressemblera parfaitement à la mère.

« Et voilà pourquoi j’ai épousé Claire la semaine dernière.

« Aujourd’hui, elle a vingt ans, elle est laide. Mais dans vingt ans, elle en aura quarante, et elle sera radieuse comme sa mère.

« J’attendrai, voilà tout. »

Et Colydor, évidemment très fier de sa combinaison, ajouta :

— Tu ne m’appelleras plus loufoc, maintenant… hein !