Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/12

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garder de donner aux événemens les couleurs de nos jours, se rappeler enfin que l’histoire est une muse, fille de la Mémoire.

Nous avons toujours choisi les écrivains contemporains, nous attachant surtout aux faits de leur chronique dont ils avaient été témoins, selon que la suite des événemens nous faisait passer d’une chronique ou d’une histoire à une autre ; fidèle tour-à-tour, pour les temps de la liberté populaire, aux Malespini, Villani, Paulino di Piero, Dino Compagnie GinoCapponi, Stéfani, Poggio, Leonardo Aretino, Ammirato, Nerli, Bruti, etc., les chroniques de Pise, Sienne, etc., etc., nous avons mis une grande importance à la Chronique florentine de Donato Velluti, que nous n’avons vu citer nulle part que chez Tiraboschi, et nous avons apporté dans les notes deux fragmens intéressans de lui.

Machiavel seul, par la hauteur des vues, nous a semblé un guide pour toutes les époques, mais nous n’aurions pas osé esssayer de le suivre dans sa manière, car, pour écrire cette histoire, il a pris la toge : quand les Florentins disaient la commune, il a dit la république ; c’est avec regret qu’il s’abaisse au gouvernement des bons hommes. À la place des simples paroles de Silvestre Médicis au conseil, qui dit que si on ne veut pas l’écouter il s’en retournera à sa maison, Machiavel lui fait tenir une longue et noble harangue. Il met, dans la bouche du gonfalonier Luigi Guicciardini, le discours de Quintus Capitolinus dans son quatrième consulat ; au lieu de vouloir peindre les Florentins comme ils sont, il songe aux Romains et à la beauté civile au plus haut degré. Nous avons laissé ce grand maître sculpter ainsi en marbre ; pour nous, ouvrier inhabile, nous avons pris l’argile et montré les temps dans leur naïveté et leur rusticité.

Machiavel a fini son histoire à la mort de Laurent, mais