Page:Allart - Histoire de la République de Florence.djvu/13

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pour les temps après lui, nous avions Nardi, Nerli, les Morelli, Cambi, Guicciardini, Segni, Busini, Varchi, etc., etc., une foule de documens, de discours, de fragmens et de correspondances. Nous avons dû beaucoup aussi, durant un long séjour à Florence, aux hommes savans de cette ville, dont les conseils et l’amitié nous ont guidée. Tous pleins encore de ces événemens, ils en causent à la façon de Machiavel, et on peut discourir avec eux sur l’organisation du grand conseil ou le gouvernement de Soderini, comme si c’étaient là les événemens du jour.

Quelques vérités ressortent de cette histoire : on y comprend mieux l’excellence de deux pouvoirs dont nous avons parlé dans un autre ouvrage[1], l’aristocratie et la démocratie, car Florence tira sa gloire de la démocratie et manqua, par l’absence d’une aristocratie et d’un sénat, de plus d’ambition et de force. Aujourd’hui qu’on relève le peuple et qu’on le prépare sans doute pour former un pouvoir, il est temps de préparer aussi une aristocratie, non pas héréditaire, le temps et la justice n’y sont plus, mais indépendante, privilégiée, chargée de la science et de la grandeur de l’État. La nature a créé les masses sur un moule faible et uniforme, pour déposer, chez quelques créatures d’élite, la flamme et l’énergie auxquelles la vertu et le savoir donnent seuls la perfection.

Florence manqua d’une haute direction ; mais elle eut une démocratie organisée et forte, elle eut un des deux moyens par où s’établit la liberté.

L’Italie est le pays où le troupeau des hommes est le plus intelligent, le plus passionné, le plus agité, où les créatures d’élite sont en plus grand nombre, où la plèbe, dans l’antiquité et chez les modernes, s’indigna le plutôt

  1. La Femme et la Démocratie de nos temps.