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homme a trouvé sur la terre place, nom, famille et ville ; le pillage a cessé, la femme a été respectée, la justice est devenue facile. L’histoire d’Athènes, depuis Solon qui construit l’état, jusqu’à Démosthènes qui le voit tomber, est de deux siècles et demi ; la république romaine, depuis Brutus jusqu’à César, embrassant le plus beau développement du caractère et de l’esprit humain, a duré cinq siècles. Mais la barbarie, étendant ses horreurs jusqu’au 12e siècle, s’est prolongée durant huit siècles ! Comme la théocratie succéda à l’empire romain, l’ordre politique de même que chez les Hébreux (dont nous prenions les livres), sortit de la religion : le chef fut sacré par les prêtres : c’est Saül encore ; on attacha à la couronne des droits comme des des devoirs sacrés ; le roi, élu de Dieu, dut être fidèle à Dieu. La société s’organisa sous des idées grandes et pieuses : dans les bois de la Germanie, dans les plaines de l’Asie, chez les Scandinaves, le talent avait dominé : les prêtres ne firent d’abord que le consacrer. Ces peuples féroces ne suivaient que les forts, et bien sans doute que la richesse et la naissance soient vieilles comme la lumière et la matière, c’était le courage et le génie qui triomphaient et par le droit et par le crime. La race d’où sortit Charlemagne fit voir, quand déjà la société commençait à s’asseoir, comment les usurpations du génie recevaient la sanction des peuples et du sacerdoce.

Mais si à l’origine le talent régna ainsi, hâtons-nous d’avouer que c’était chez une classe peu nombreuse ; un homme du peuple élevé dans le palais pouvait renverser son maître, mais le grand nombre vivait au loin dans la barbarie et l’esclavage. Était-ce injustice ? c’était nécessité. Si ces peuples pouvaient à peine sortir d’une confusion profonde, comment les appeler à des droits politiques ? Quand les peuplades s’enfuirent éperdues de Pompéïa et d’Herculanum sous les torrens d’une pluie de flamme, leur