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mémoires d’un communard

grande sécurité. Nous dûmes faire connaître la situation et conseiller d’organiser la résistance. On envoya de même prévenir la quatorzième légion et, vers une heure du matin, nous parvenions au septième arrondissement.

À notre grand étonnement, ces quartiers paraissaient ignorer l’entrée des troupes versaillaises qui, déjà, les envahissaient. Des gardes nationaux, que nous rencontrâmes, nous dirent qu’ils allaient prévenir les fédérés campés au Champ-de-Mars.

Quelques allées et venues plutôt mystérieuses d’autres gardes, courant de maison en maison, éveillèrent nos soupçons, mais comme il nous était impossible de les continuer, nous prîmes la résolution de retourner sur nos pas, considérant que notre présence était plus utile au Cinquième qu’en ces quartiers constamment ouverts à l’ennemi.

Le jour pointait à peine quand une vive canonnade se fit entendre : elle paraissait venir du Trocadéro. Rue de Rennes s’édifiaient des barricades ; nous crûmes devoir encourager les citoyens qui avaient pris cette initiative et nous nous engageâmes dans la rue de Vaugirard. Nous allions atteindre le Luxembourg, quand nous aperçûmes une petite troupe de gardes nationaux se dirigeant vers le boulevard Saint-Michel. Nous hâtâmes le pas et la rejoignîmes. A sa tête chevauchait un commandant d’état-major. Cet officier nous dit qu’il se rendait à la cinquième légion pour connaître les mesures déjà prises et celles qu’il conviendrait d’arrêter en vue de la défense de la rive gauche. Nous lui dîmes que cela allait à merveille et que nous allions ensemble compléter les moyens de défense déjà adoptés par nous.

Nous étions à ce moment parvenus en face la rue de Tournon ; on se remit en marche, mais à peine avions-nous franchi la petite distance qui nous séparait du restaurant Foyot, qu’un individu sortit de l’allée de cette maison et, s’élançant vers le commandant, lui fracassa le bras gauche d’un coup de pistolet.

En même temps qu’on secourait le commandant, que la brusquerie de l’attaque et la douleur avaient désarçonné, on s’emparait du meurtrier qui, un peu désappointé de n’avoir pu tuer l’officier, qu’il avait pris tout d’abord pour un général, nous déclara qu’il n’avait d’au-