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des barricades au bagne

se replient précipitamment vers la rue Gay-Lussac.

Dans l’accalmie qui succède, nous percevons le fracas du combat de la rue Soufflot et la fusillade de la rue Saint-Jacques. Nous nous préparons pour une nouvelle attaque, car nous n’ignorons plus les intentions de l’ennemi et l’importance de notre position. Elle se produit au bout de quelques minutes ; mais il fallait, cette fois, nous aborder à visage découvert, et il suffit d’une décharge pour rendre la rue déserte ; bientôt, des maisons pouvant permettre d’atteindre les hommes de la barricade, nous essuyons un feu terrible. Quelques boîtes à mitraille et nos fusils y mettent bon ordre : la rue Royer-Collard n’est pas près d’être au pouvoir des Versaillais. Cela étant, je vais faire acte de présence à la mairie, où affluent les demandes de munitions et les renseignements sur la bataille.

CHAPITRE XVI
la mort de raoult rigault. — à la place gerson. — à travers les rues du cinquième. — la réaction locale. — les femmes à la barricade de la rue du pot-de-fer. — le massacre des vétérans.

Un fédéré, qu’un heureux hasard a fait échapper à la fusillade, me raconte que Raoul Rigault vient d’être mis à mort à la porte d’un hôtel meublé de la rue Gay-Lussac.

Sa myopie lui avait fait prendre sans doute les versaillais pour des communards et il s’était engagé dans cette rue ; mais son costume de commandant de fédérés avait attiré l’attention d’un officier qui, appelant quelques soldats, s’était dirigé vers l’hôtel et en avait arrêté le patron en le menaçant de le faire passer incontinent par les armes, s’il n’indiquait où se trouvait le commandant qui venait d’entrer.