couraient les rues et que menaient les rabatteurs de la Préfecture de police. Aussitôt arrêté, il fut mis à mort.
Nul n’ignorait, cependant, que Treilhard était simplement chargé du fonctionnement d’une institution qui n’a rien de subversif, mais, en un tel moment, on ne pouvait s’arrêter à de pareilles considérations, et puis, est-ce que Treilhard n’était pas d’autant plus coupable qu’il avait été administrateur honnête ?
Aux yeux de la réaction, c’est le crime le plus grand qu’un révolutionnaire puisse commettre.
Il serait peut-être intéressant de savoir ce que devinrent les quarante mille francs que cet honnête citoyen se disposait à remettre à son successeur. Aujourd’hui que le poste de directeur est occupé par un républicain sincère, il serait relativement facile d’établir si les assassins de Treilhard firent ou ne firent pas main basse sur l’argent appartenant aux pauvres de Paris.
Boulevard Saint-Germain, des agents en bourgeois, à la tête d’une escouade de sergents de ville, opéraient des arrestations en fouillant les maisons. Je bifurquai à droite et me dirigeai vers le quai Saint-Bernard. Là, je me heurtai à une compagnie de ligne.
— Où allez-vous ? me demanda l’officier qui la commandait.
— Chez mes vieux parents, boulevard de l’Hôpital.
— Il est interdit de passer, et il vous faut rebrousser chemin.
Comme j’insistai, l’officier me dit brusquement :
— Comment se fait-il que vous soyez ici, à une heure aussi matinale et en un moment semblable ?
Je tirai de ma poche la commission délivrée par la questure de l’Assemblée nationale et fis valoir mes inquiétudes filiales. La vue des cachets qui recouvraient ladite commission parut produire un effet salutaire sur l’officier, car il ajouta :
— Je regrette de vous refuser le passage, mais les ordres sont précis : nous devons empêcher toute personne de se diriger, à moins d’une autorisation spéciale, vers les positions occupées par l’ennemi. Ainsi donc, veuillez vous retirer immédiatement.
Je dus descendre le long des quais. Le pont de la Tournelle étant barré, je me dirigeai vers celui de l’Arche-
