— Aux armes ! cria le soldat en ouvrant la porte et en appelant les hommes du poste.
Toute la chambrée fut debout.
Le poste, sergent en tête, fit irruption dans la salle.
— Que se passe-t-il ? demande le sergent.
— Cet homme assure qu’il y a des prisonniers qui se sont évadés.
— Allons, vous autres, placez-vous sur deux rangs ! Et, s’adressant au caporal :
— Allez prévenir la Prévôté, dit le sous-officier.
Le caporal partit d’un trait : quelques minutes après, le chef du dépôt et deux maréchaux-des-logis de gendarmerie entraient en coup de vent. Ces individus étaient aussi troublés que furieux. Ils procédèrent à l’appel d’une façon tellement déplorable qu’ils ne purent parvenir à connaître le nombre et le nom des évadés que vers onze heures du matin. Ils devenaient fous littéralement. Epouvantés par la responsabilité qui pesait sur eux, ils ne pouvaient parvenir à se rendre compte de la situation ; tantôt ils trouvaient des prisonniers en trop, et tantôt le chiffre des évadés atteignait des proportions fantastiques.
Et les appels succédaient aux appels.
Enfin, suant de peur, grinçant des dents, nous couvrant d’injures, ils nous firent défiler un à un. Alors, seulement, ils purent constater l’absence de deux prisonniers, et que les deux manquants étaient Lagrange et Langelle.
Ce fut alors une nouvelle explosion de rage :
— Canailles de communards ; assassins, bandits ! Pourquoi ne vous a-t-on pas tous fusillés !
À ce débordement succède une fouille minutieuse, brutale. Herpin-Lacroix possède un sac de voyage dont il ne trouve pas de suite la clef. Les gendarmes grognent ferme, invectivent notre ami, dont la patience est loin d’être la qualité dominante ; cependant, il s’efforce de trouver cette clef maudite.
— Nom de Dieu ! dit un des pandores, qu’on le crève ce sac de voyage !
— En effet, s’écrie un second, il faut que nous sachions ce qu’il y a dedans…
— Ce qu’il y a, dit Herpin-Lacroix, en faisant un
