de choses : les deux premiers au point de vue de la tranquillité, les seconds pour les bénéfices qu’ils en retirent, car ils sont les dispensateurs des « mariages » et des « divorces », c’est-à-dire de l’accouplement et du désaccoupiement des forçats.
Ces quelques lignes en disent assez pour que chacun puisse se rendre compte du milieu où l’on m’avait, avec tant de braves citoyens, condamné à vivre.
Des manifestations de sympathie s’étaient produites à l’égard de quelques-uns des nôtres travaillant dans l’Arsenal, et l’Administration, craignant que des évasions ne s’en suivissent, décida que les condamnés de la Commune n’iraient plus sur les travaux, et comme, par mesure de sûreté, on les avait accouplés avec des forçats de droit commun, on dut les désaccoupler. A partir de ce moment, aucun de nos camarades ne fut accouplé ni ne se rendit au travail.
Cet état de choses n’était pas de nature à satisfaire l’Administration, et aussitôt que la frégate la Virginie eut embarqué son chargement de condamnés, parmi lesquels se trouvaient un certain nombre de communards, elle pensa réunir les condamnés de cette catégorie dans un endroit spécial, et ce fut la Casemate qui fut choisie comme étant le lieu le plus sûr.
La Casemate, isolée du restant du bagne, servait auparavant de prison aux forçats les plus dangereux ou ceux en instance de départ pour la Guyane ou la Nouvelle-Calédonie.
Ce fut le 20 juin 1872 que partit la Virginie, et, dès le 21, l’ordre était donné de nous interner en cette salle spéciale.
Une seule exception fut faite en faveur de Lullier. Ce dernier ne revêtit pas la livrée du forçai et, dès son inscription terminée, le commissaire des chiourmes le vint prendre, disant que le bagne n’était pas l’ail pour lui, et le conduisit à la prison militaire.
C était, en somme, reconnaître bien petitement les services qu’il avait rendus aux adversaires de la Commune. Il est vrai que l’avènement au pouvoir de Mac-Mahon avait délié Thiers de ses promesses ; mais malgré cela, Lullier ne subira jamais le régime du bagne. Si Mac-Mahon, sous la pression de certains bonapartistes
