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des barricades au bagne

se renversaient, s’écrasaient. Ils coururent ainsi, les officiers devançant les soldats, jusqu’aux portes de Paris, malgré les efforts des gardes nationaux qui tentaient de les retenir…

— A quel régiment appartenaient donc ces rudes guerriers ? me demandèrent les camarades.

— Au cent…

Les galonnards, pressentant le camouflet, refusèrent d’en entendre davantage et regagnèrent le bazar.

CHAPITRE VI
la correspondance secrète. — le bourreau. — l’aumônier. — l’adjudant monnin. — le sergent-poète. — vive la commune ! — l’embarquement sur le « rhin » .

Nous avons dit, en un chapitre précédent, que les « services-intérieur » étaient chargés de vider les baquets ; or, cette corvée se faisait au bord de la mer et non loin de la forge. Lorsque, pour un motif sérieux, nous croyions utile de faire partir une lettre en cachette de l’Administration, nous glissions ladite missive sous le couvercle d’un baquet et le « service-intérieur », malgré la fouille pratiquée sur lui, à la sortie comme à l’entrée de la Casemate, emportait la correspondance et s’arrangeait de façon à avoir besoin, les baquets vidés et nettoyés, d’entrer à la forge pour une réparation quelconque ; il remettait la lettre au maître-forgeron, au nez et à la barbe du garde-chiourme qui l’accompagnait, et le forgeron faisait ensuite le nécessaire.

Mais toute prison qui se respecte a ses « moutons » ; la Casemate eut donc les siens, et, certain jour, l’Administration décida que les « services-intérieur » ne seraient plus recrutés parmi les condamnés de la Commune : la mouchardise avait éveillé ses soupçons.