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des barricades au bagne

suite des envois qui avaient pu s’effectuer pendant son absence et, comme sa sollicitude me demeurait fidèle, il s’enquit de celui que je devais faire partir. Il lui fut répondu que huit boîtes avaient été expédiées à Paris et que, parmi ces dernières, se trouvait celle du 24.328.

Il accourut, furieux :

— 24.328 !

— Présent.

— Approchez !

Je vins me placer devant la grille, devinant de quoi il s’agissait.

— Est-il vrai que vous ayez envoyé un colis à Paris ?

— Oui, Monsieur.

— Ah ! je devine la manœuvre !… Vous avez profité de mon absence, vous doutant bien que votre correspondance illicite n’échapperait pas à mon inspection.

Le coquin disait vrai, mais, sans m’émouvoir, je lui répondis :

— Monsieur, j’ai remis mon petit envoi avec ceux de mes camarades ; quant à votre absence ou à votre présence, elles ne pouvaient m’intéresser.

— Qui a visité cet envoi ?

— Le sergent de garde, du moins en premier lieu.

— Et quel était ce sergent ?

— Je crois que c’était le sergent Michel.

— C’est bien ; je vais voir cela.

L’adjudant partit, rageur ; quant à moi, j’étais à peu près rassuré sur les suites de l’incident : Monnin et l’aumônier devraient attendre une meilleure occasion pour se venger.

Un quart d’heure ne s’était pas écoulé que l’irascible adjudant revint, accompagné du sergent Michel. Il m’appela de rechef et, s’adressant au sergent :

— Vous rappelez-vous avoir reçu un colis de ce condamné ?

— Oui, mon adjudant ; il y en avait même cinq ou six autres avec le sien.

— C’est cela ; je vois la chose… plusieurs boîtes à la fois… Et vous avez visité ces boîtes ?