En la personne de M…, le libéré, comme en celle de M. Mac-Dermott, j’avais eu ce bonheur rare de rencontrer deux nobles cœurs. En effet, jamais hommes ne se montrèrent plus dévoués, mieux disposés à adoucir une situation terrible et, bravant des responsabilités, grosses de péril, à aider un vaincu à ennemis.
Ah ! s’ils vivent et que ces lignes leur tombent sous les yeux, ils seront bien convaincus que, jusqu’au dernier souffle, l’ex-forçat qui fut leur « compagnon », leur ami et leur obligé, gardera le souvenir de leur vaillante et sûre camaraderie.
Mais, comme au cours de ce véridique récit j’aurai à reparler de ces deux braves cœurs, je vais — ce premier témoignage de reconnaissance offert à leur amitié agissante — présenter à mes lecteurs les diverses personnalités qui composaient cet atelier gouvernemental.
C’est, en premier lieu — n’oublions pas les usages protocolaires — un M. Gauthier, nommé directeur, grâce, disait-il à tout venant, à la haute protection du maréchal de Mac-Mahon. Ivrogne invétéré, ignorant les premières notions de la typographie, il passait le plus clair de son temps à s’enivrer, se reposant du soin de diriger le travail sur son prote « à tablier », un sieur Lequeux, ex-caporal d’infanterie de marine qui, travailleur et intelligent, s’était assimilé le métier assez rapidement.
Ce dernier, profitant de l’incapacité du directeur, de l’abandon où il laissait un service dont l’importance croissait avec une rapidité extraordinaire, par suite de l’afflux énorme de la population libre ou pénitentiaire, avait acquis une autorité très grande et se plaisait à le faire sentir à tout le personnel.
Exception faite pour M. Mac-Dermott, venu d’Australie, un seul typographe, M. Ternard, et un ouvrier relieur — un très brave garçon dont je regrette d’avoir oublié le nom — représentaient l’élément ouvrier envoyé à Nouméa par l’imprimerie Nationale.
L’ouvrier relieur ne comptait que des amis ; il n’en était pas de même pour M. Ternard.
Un jeune condamné, B…, Parisien, comme le libéré M…, appartenait également à la composition. D’un ca-
