Des ordres d’une sévérité excessive nous avaient précédés. A peine avions-nous franchi les 2.500 mètres qui nous séparaient de ce nouveau camp, que nous vîmes venir à nous le sieur Guinet et deux ou trois surveillants militaires. Je reconnus de suite le héros de la bastonnade qui avait marqué l’arrivée des transportés du Rhin, l’homme à « l’exemple frappant ».
Ses premiers mots furent pour nous apprendre qu’il avait reçu des ordres spéciaux et qu’il se montrerait impitoyable.
— Vous êtes désignés pour le Four-à-Chaux, situé à environ un kilomètre ; là se trouve le surveillant militaire Fournier, qui déjà a reçu mes instructions ; gare au premier de vous qui ne marchera pas droit. Et maintenant, par le flanc droit, à la fatigue !
Du même pas que nous étions partis de la ferme, nous gagnâmes le Four-à-Chaux, en attendant de revenir coucher le soir à la Pointe-Sud, où nous aurions du laisser nos sacs, si Guinet ne l’eût entendu autrement et n’eût pris plaisir à augmenter notre fatigue.
Pendant que nous cheminions, mornes, silencieux, nous demandant quelles nouvelles souffrances nous attendaient, je songeais au nom qu’avait prononcé le