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des barricades au bagne

— Mais, marins, je sois M. Ernest Picard, ministre…

— Nous ne connaissons que notre consigne : vous ne passerez pas !

Et il dut se diriger vers une autre entrée du château, pendant que le barricadier de l’avant-veille franchissait tranquillement ladite porte en jetant aux deux marins le mot de passe.

CHAPITRE V
au jeu de paume. — délégation a paris. — seconde entrevue avec billioray. — réception du colonel périer. —projet d’attaque du chateau et de la préfecture. — la chasse a l’homme.

Ce fut, je crois, dans cette même journée du 22 mars, que la Gauche se réunit dans la salle du Jeu de Paume. Grâce à une manœuvre assez adroite, je pus assister à cette réunion, où, entendant M. Emmanuel Arago tonitruer et singer Mirabeau, j’oubliai toute prudence et lui criai quelques dures vérités.

Il se mit alors à hurler contre l’intrus, le provocateur. Je dus me retirer pour éviter d’être arrêté.

Revenu à l’imprimerie, c’est-à-dire au château, je trouvai mes camarades en grande discussion : tous se plaignaient du renchérissement des choses nécessaires à l’existence en une ville envahie par d’incessants flots de population civile et militaire. Je proposai d’examiner la situation économique locale et, ceci fait, d’établir un projet de tarif que nous ferions ratifier par la Société typographique (notre syndicat avant la lettre) et que nous présenterions ensuite à notre patron, M. Wittersheim, chargé des travaux de l’Assemblée nationale.

Cette proposition fut acceptée, et, dès le lendemain, l’équipe de l’Officiel me déléguait, en compagnie de