reste n’est plus qu’une cohue qui devient la proie de l’ennemi ou se replie en désordre sous la protection des forts et des remparts.
A l’ouest, le spectacle a été vraiment lamentable. Bergeret s’est fait mener au combat en voiture, ce qui l’a couvert de ridicule ; quant à Flourens, déjà parvenu à Rueil, l’avortement du mouvement lui enlève tout ressort ; il résiste à ceux qui le veulent ramener vers Paris. Vainement, le citoyen Hubeau, officier au 59e, saisit la bride de son cheval : Flourens met pied à terre et se dirige vers Chatou, suivi par son ami Cipriani, qui se refuse à l’abandonner.
Ici se place le drame suivant :
Un capitaine de gendarmerie, le sieur Desmaret, apprend, par l’individu même qui a indiqué à Cipriani l’auberge où il pourra mener Flourens — dont la lassitude morale et physique est extrême — se reposer quelques heures, que deux officiers de la Commune sont dans Chatou. Il envoie de suite quelques gendarmes en reconnaissance.
Flourens s’est jeté sur un lit et paraît dormir, mais Cipriani veille et voit les hommes de Desmaret s’approcher de l’auberge.
— Général, dit-il à Flourens, voilà les gendarmes ! Pendant que je vais m’occuper de défendre la porte, portez-vous du côté de la fenêtre.
Flourens demeure prostré. Cependant les gendarmes montent l’escalier. Sans bruit, Cipriani ouvre à demi la porte et abat le gendarme qui marche en tête ; un deuxième coup de revolver le débarrasse du second et il s’élance dans l’escalier ; au bas une courte lutte s’engage et Cipriani tombe criblé de blessures. A cet instant apparaît le capitaine Desmaret ; des gendarmes se sont emparés de Flourens et le lui amènent, tête nue et sans armes.
— Qui êtes-vous ? lui demande rudement le soudard.
— Je suis le citoyen Flourens, général de la Commune…
— Ah ! c’est toi qui fais tuer mes gendarmes ! et, se levant sur ses étriers, d’un coup de sabre formidable, il fend en deux la tête de Flourens, laquelle, a raconté le citoyen Cipriani. forma comme deux épaulettes sanglantes.
